Jaws 3D par Romain Néophyte

Mensuel spécialisé dans la science-fiction, Starlog a vu le jour en aout 1976 soit quelques mois avant l’exploitation en salle de l’ Episode IV. A une époque où Star Trek et Space: 1999 composent l’essentiel du sommaire, force est de constater que le genre ne jouit malheureusement pas encore de la popularité qu’il connaitra à la sortie du space-opera de George Lucas. Le magazine s’adresse alors à une poignée de lecteurs. On est donc loin de la frénésie qui accompagne la sortie d’ un Return of the Jedi en 1983 comme peut en témoigner le nombre de couvertures accordées au film de Richard Marquand toute presse confondue. Celle de ce numéro 74  se focalise quant à elle sur les créatures d’ ILM… On aurait préféré un requin mais que voulez-vous…Pour moins de 3$, on se contentera de la limace et de l’éléphant bleu.

Shark’s alive!!! C’est pas loin de 4 pages qui sont consacrées au désormais classique de Joe Alves. 4 pages rédigées par les talentueux  journalistes  Mike Clark et Bill Cotter qui démontrent, soit dit en passant, une certaine capacité à paraphraser les dossiers de presse . Pour autant, ce numéro offre aux fans quelques informations inédites sur Guerdon Trueblood ou sur les dates de tournages. Des infos que vous avez déjà pu découvrir à travers les nombreux articles du site! Petits chanceux… On regrettera cependant qu’un tel papier soit imprimé deux mois après la sortie nationale.

Au niveau des illustrations, rien de bien transcendant de prime abord. Pourtant, Starlog nous donne l’occasion de profiter de portraits de  Kathryn, Mike et Calvin légèrement différents de ceux utilisés par Topps pour ses Trading-cards. Des photographies publiées dans les pressbooks US et japonais pour ce qui est du couple mais complètement inédite en ce qui concerne Louis Gossett Jr.

Un bon litre de café (servi dans un magnifique mug Jaws 3D) avalé en moins d’une heure… Je combats, à la fois, la fatigue et le stress. Un stress comparable à celui d’une rentrée scolaire. Et pour cause, ce soir, je réalise le rêve de toute une vie: voir Les Dents de la mer 3 en relief au cinéma!!! J’ai attendu ce moment pendant plus de 20 ans et je ne laisserai rien ni personne se mettre à travers ma route. Même pas cette neige tombée abondamment pendant la nuit et qui recouvre ma petite voiture… Un Roadster malheureusement  inconduisible dans de telles conditions! Qu’importe, je n’ai pas prévu de rallier Paris à son bord. « Raté, Dame nature… » 4 heures d’autoroute au volant d’un véhicule familial et à la tête d’une équipe composée de deux hommes et deux femmes…Qu’ils soient Die Hard fans, sceptiques, endoctrinés ou tout simplement vierges, ils ont pour ambition de porter bien haut  les couleurs de la 57 OFFICIAL SHARK PATROL à la cinémathèque Française en ce désormais inoubliable lundi 21 décembre 2009 .

Pour ne rien gâcher, le trop souvent décrié Amityville 3D de Richard Fleischer était, comme par magie,  programmé  le même jour à 19H !!!  Une chance unique de découvrir la célèbre bâtisse du 112 Ocean Avenue sur grand écran (métallique)  et en polarisé. Malheureusement cet apéritif se montrera rapidement indigeste pour la plupart des convives…La faute en partie à un double sous-titrage finnois/norvégien en plein milieu de l’image réduisant à néant le relief pourtant convaincant.

Bien qu’ayant déjà oeuvré dans le cinéma 3D à l’occasion d’un Arena sorti 30 ans plus tôt, Richard Fleischer remet le couvert pour le compte de Dino de Laurentiis dans un troisième Amityville de sinistre mémoire sorti le 7 octobre 1983 aux Etats-Unis. Malgré un casting intéressant,  l’expérience d’Arrivision (acquise pendant le tournage de JAWS 3D) et le pouvoir de fascination qu’exerce la maison du diable dans l’inconscient collectif, Fleisher peine à provoquer le frisson chez le spectateur. Et ce n’est pas cette légion de mouches maléfiques et ce monstre caoutchouteux (pourtant réalisé par Caglione) armé d’un lance flamme buccal  qui changeront quoi que ce soit. Entre le scepticisme excessif d’un Tony Roberts à la tête de Kiki et la gratuité de nombreux effets (paille, frisbee, perche son) , AMITYVILLE 3-D n’en demeure pas moins une  honnête série B qui  flirt quand même sérieusement avec  le nanar abyssal.

Rien à voir avec le spectacle offert par Jaws 3D qui prend, quant à lui, tout son sens sur grand écran. Malgré une copie 35mm aux sous-titrages fantaisistes et au son mono, De Zomer van de Witte Haai 3de Deel aura su répondre aux attentes de ses nombreux fans. Les larmes ont coulé, les rires ont fusé et les applaudissements sont venus accueillir le bras d’overman. La magie était totale et la fête a peine perturbée par de vilains mécréants placés à quelques accoudoirs de nous…

Nous tairons le nom des coupables afin d’ éviter les risques de lynchage mais sachez, messieurs, que les dauphins sont largement capables de lancer des messages d’avertissements lorsqu’un danger est imminent… Peu importe, ils ne parviendront  pas à entamer notre foi dans le travail accompli par  Joe « in God we trust » Alves… La soirée se terminera, sans eux, dans un café parisien avec un débat sur l’aspect Working Class de Jaws 3D en opposition au côté néo-bourgeois des deux premiers…

Concluons avec ce programme 12 pages édité par la cinémathèque française qui a, sans surprise, rejoint le Jaws 3D Metz Museum . Une pièce de collection qui devrait garder une grande valeur sentimentale… » J’y étais » … Merci donc à tous ceux qui ont pu rendre cet évènement possible et à tous ceux avec qui j’ai eu la chance de bavarder…

Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de rentrer en contact avec Steve Thompson, un  producteur/compositeur anglais dont une infime partie du travail a été  étroitement liée à l’univers Jaws 3D. Sous contrat avec MCA Music dans les années 80, ce très sympathique monsieur a été amené à composer une chanson d’amour à partir du End Main Title d’ Alan Parker. Malheureusement, le résultat n’aura  pas eu la chance d’être édité… Le détail de cette histoire passionnante est relaté par Steve, lui même, sur son site internet stmedia. Une interview était prévue pour illustrer tout ça mais, faute de temps, elle a été remise à plus tard… En attendant, voici un clip vidéo improvisé par mes soins. J’aurais souhaité une compilation d’images de dauphins mais mon inexpérience dans le domaine du montage aura eu raison de mes ambitions…

Non, ce site n’est pas laissé en jachère. Malgré le manque évident de mise à jour, je reste entièrement dévoué à notre cause… Pour vous le prouver voici un article sur le magnifique  jeu de 12 lobby cards espagnoles consacré à la  3eme partie de Tiburon.

Il est particulièrement compliqué  pour le collectionneur non averti d’orienter ses recherches quand il est question de l’ Espagne. La faute à Castellari et sa Mort au large (l ultimo squalo/1980) abusivement retitrée Tiburon 3 dans la péninsule ibérique en avril 81. A cause de cet ersatz italien (néanmoins très divertissant) ,Jaws 3D s’appelera alternativement  Jaws 3D-El Gran Tiburon et Tiburon 3a Parte (et tiburon 3a parte 3-D pour la version en relief) pour finalement récupérer son Tiburon 3 bien des années plus tard (comme en atteste le dvd from spain)… Mais n’ayez crainte nous y reviendrons en profondeur un peu plus tard…

Imprimés sur ces lobby cards à la gloire de la version plate, on retrouve la plupart des  clichés promotionnels utilisés dans le reste du monde. Seuls les photographies de Sean et Kelly jouant au Stand-off, Mike Brody évacuant le lagon et celles des skieurs nautiques sortent du lot. La première était déjà disponible dans le jeu allemand mais un recadrage nous permet , cette fois-ci, de voir ce que porte aux pied la figurante au centre de l’image…La seconde, pas très excitante d’un point de vue esthétique il faut bien l’avouer, n’a été qu’ assez rarement exploitée.  La dernière ,quant à elle, nous permet d’apprécier la douce Lea Thompson en bikini. Cette photographie est complètement inédite et tirée d’une scène coupée que l’on peut apercevoir brièvement dans le brillant making-of…  Un Making-of qu’il me tarde de vous parler!

Format exclusivement australien, le Daybill (13×30″) n’a généralement aucun mal à  convaincre  le collectionneur d’investir quelques euros… Et pour cette magnifique affiche de la version plate du troisième Jaws, j’en connais qui pourrait se mettre à découvert!!! Avouez qu’il est assez difficile de ne pas succomber aux charmes de ce visuel au ton bleu turquoise qui tranche radicalement avec ce qu’on a l’habitude de voir dans ces pages. Et puis il y a ce logo sans contour déjà utilisé chez nos voisins belges agrémenté d’ un M conseillant aux moins de 15 ans de rebrousser chemin… Et avec ses 2,150,000 $AUD de recettes en salles, ils seront nombreux à faire  fi de ces recommandations permettant au film de Joe Alves , sorti le 1 décembre 1983, d’ atteindre sans peine la 21eme place du box-office national malgré une concurrence en très grande forme.

De nombreuses décisions ont du être prises par Calvin Bouchard le jour de l’inauguration de l’ Undersea Kingdom… Présent sur tous les fronts, on l’a vu intervenir au sujet du personnel (le probable  licenciement d’ Overman) et répondre  aux questions d’ordre techniques (les pompes de filtration) . Dans de tels circonstances, l’ erreur était inévitable. En s’improvisant ichtyologiste, il a signé l’ arrêt de mort de 2 personnes (et accessoirement de 2 requins). Sans parler de la dizaine de blessés et la perte de plusieurs millions de Dollars…Et encore… Calvin aurait pu perdre bien plus dans l’histoire. Jugez plutôt:

Lorsque l’entrepreneur Calvin Bouchard décide de transférer le bébé squale dans un bassin d’exhibition, il ne tient pas compte de deux choses: l’état de santé du poisson et la sécurité du public. Vous pouvez analyser le cliché qui illustre cette trading-card Topps, vous ne verrez aucun dispositif permettant d’éviter l’accident bête. Ni barrière, ni panneau signalétique… N’importe qui pourrait mettre la main dans l’eau!!! Il faut donc vraiment être d’une rare bêtise ou sous l’influence du crack pour laisser un requin blanc barboter dans un tel bassin sans penser au pire. Un mot me vient à l’esprit: Criminel!!!

Le visuel 3D du verso est grandement inspirée d’ une photo promotionnelle que nous avions déjà traité lors d’un article sur les lobby cards françaises: Un cliché couleur d’une scène se déroulant alors dans un restaurant en plein air juste après que Mike et Kathryn aient été attaqués par le bébé requin. Grâce au travail des dessinateurs (et de la personne chargée de donner un titre à cette vignette), cette image illustre désormais l’attaque du requin dans la neptune room.

« Romain grand manitou, j’ai moi aussi décidé de me lancer dans une collection Jaws 3D mais je souhaite surtout me spécialiser dans les articles provenant de l’ex-Yougoslavie (d’où je suis originaire) . Pouvez-vous me dresser une liste des objets promotionnels afin que je puisse orienter mes recherches? » Impossible de dresser une telle liste mon cher ami! L’exploitation du film de Joe Alves dans ces pays (date de sortie, recettes) reste un mystère pour la plupart des fans. Peu ou pas de traces sur Internet, le collectionneur n’a d’autre alternative que d’attendre l’apparition de matériel sur Ebay…

Après le jeu de 6 lobby cards, voici donc l’affiche de Ajkula 3D. Pas de Tagline ni logo Universal/CIC mais des crédits en phonétique!!! Imaginez donc le plaisir d’accrocher au mur du salon l’affiche d’un film réalisé par Dzoe Alvez avec Denis Kvejd et Simon Mek Korkindejl!!! Un plaisir qui forcement à un coût. Alors à moins que vous soyez fan de reproductions, évitez comme la peste les modèles à moins de 25 dollars.

Comme Joe Alves, on ne sait que peu de choses sur le responsable de l’intrigue de Jaws III. A la question « Qui est Guerdon Trueblood« , il répond au journaliste Alan Jones:

« Aucune idée. Je ne l’ai jamais vu.Il avait écrit un scénario bien avant que j’entre en scène, et le résultat final n’a rien à voir avec son histoire à lui, c’est tout ce que j’en sais. On a du faire appelle à lui juste après Jaws 3 people 0, pour une première approche du sujet. Moi, je suis arrivé après que Richard Matheson ait jeté les premières bases du sien. Il faudra bien que je lise son projet un jour, mais je suppose que son nom figure au générique pour des raisons contractuelles et pas autre chose. »

Matheson, lui, déclare au magazine Fangoria: « Jusqu’à ce que je reçoive la fiche technique, je ne savais même pas qui il était. Je ne savais pas qu’il avait écrit un premier jet. Je ne l’ai jamais lu. Donc je n’ai aucune idée,vraiment aucune, de ce qu’il a écrit. Je suppose qu’ils ont fait ça car ils avaient l’idée d’un lagoon dans lequel le requin arrive à s’introduire. C’est Alan Landsburg, le producteur qui me l’a dit donc je suis parti de là. Mais il n’y aucune ressemblance entre les deux. C’est impossible, à moins qu’on soit télépathe, car je ne l’ai jamais lu. »

Et pourtant Guerdon Trueblood est loin d’être un inconnu. Réalisateur de l’éprouvant Candy Snatchers, il s’est illustré en tant que scénariste pour la télévision dès  le début des années 70. On retrouve son nom aux génériques de nombreuses fictions mettant en scène principalement des animaux dangereux ou des avions (et pour cause, son grand père est le fondateur de l’ US AIR FORCE) … Soit une dizaine de classiques produits par (suspens) Alan Landsburg!!!

Tarantulas, le cargo de la mort (1977) , récemment édité en zone 2 français est une de ces perles. Jugez plutôt: Un avion en provenance de l’ Equateur, avec à son bord du café et des araignées accrocs aux oranges, s’écrase à proximité d’une petite ville américaine… Plutôt radical ( la mort d’un enfant qui se trouve être le petit frère de la copine du héro) et particulièrement généreux en grosses bestioles velues, le film de Stuart Hagman n’en reste pas moins qu’un banal téléfilm familial souffrant d’un manque de rythme évident.

Une constante dans les films issus de cette association Landsburg/Trueblood diront les mauvaises langues… Pourtant nous gardons tous d’ excellents  souvenirs des diffusions TV de Quand les abeilles attaqueront ( the savage bees/ 1976) et sa suite réalisée 2 ans plus tard et surtout  Ants (1977) qui devrait paraitre chez nous en DVD au mois de janvier 2010. A préciser que le producteur exécutif de Jaws 3D, Howard Lipstone occupe la place du Production Manager sur Savage Bees et Tarantulas, Deadly Cargo.

On comprend désormais mieux comment Guerdon a pu se retrouver embarqué dans une aventure aussi folle mais pour autant, les informations à propos de son travail sur Jaws III restent trop rares. En lisant le numéro 74 du magazine Starlog de septembre 83, on apprend néanmoins que Trueblood a passé 8 mois à développer cette merveilleuse histoire de requin retenu prisonnier à l’intérieur du lagon d’un parc d’attraction maritime…

« Tiens, je me souviens exactement de cette scène!!! C’est juste avant la mort du bébé requin, n’est-ce pas? »  Exactement!!! Cette photographie a été prise juste avant que le docteur Morgan et Dan Blasko n’escaladent le rebord du bassin d’exhibition pour prêter assistance au bébé squale sous le regard médusé d’une Liz en peignoir… En peignoir? Mais que fait-elle dans cette tenue le jour de l’inauguration de l’undersea kingdom? Quand on connait la sévérité dont fait preuve Mrs Kellender au quotidien, on peut douter qu’une telle liberté vestimentaire puisse être accordée à un employé de Sea World…

Rassurez-vous, cette scène ne figure pas dans le film. En comparant avec cette capture d’image  directement tirée du DVD, vous vous rendrez compte que l’objet du scandale ne s’y trouve pas au même titre que la veste noire de Dan… Etrange, n’est-ce pas? N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des informations fiables à propos de ce peignoir…

Pour le traditionnel verso 3D anaglyphe, Topps nous offre, une fois n’est pas coutume, un dessin peu convaincant d’un point de vue technique qui rappellera l’attaque de requin à proximité de la plage dans l’avant dernière bobine. L’effet de profondeur est quasi-absent et le requin malgré son air menaçant ne ressemble en aucun cas à celui que l’on connait… Pas très excitant.

La perspective de voir Jaws 3D au cinéma (et en relief) dans à peine moins d’un mois me rend totalement  hystérique mais il ne faut pas pour autant que je perde de vue mon objectif principal: Vous faire découvrir de façon presque quotidienne toute la magie du seul et unique film de Joe Alves. Un film qui a su traverser les océans, franchir les montagnes pour enfin atterrir dans les projecteurs des cinémas mexicains comme en témoigne cette sympathique affiche d’époque. Une affiche qui, malgré le peu de soin apporté à l’incrustation du titre, conserve tout son pouvoir de fascination! Les exploitants de salles avaient aussi à leurs dispositions,pour déplacer les foules, des jeux de lobby cards semblables au set U.S grand format (cf. article) . Mais malheureusement pour le public mexicain, c’est essentiellement dans sa version plate que le film sera projeté  (pour ne pas dire exclusivement) . En tout cas l’absence de matériel promotionnel estampillé TIBURON 3D me pousse à le croire.