Jaws 3D par Romain Néophyte

« Romain, les céréales, ça m’attire que très moyennement. Tu n’aurais pas en stock quelques photos inédites de tournage? » Pas du tout mais j’ai des coupure-presses d’époque qui trainent par ci, par là. C’est toujours plaisant à lire même si le risque de se mettre en colère est toujours grand. On commence par le court article pondu par Terry Hazlett pour le Observer Reporter (26 juillet 1983). Ce journaliste ne semble ni convaincu par la qualité du script de Carl Gottlieb ni convaincu par le rythme du film mais il a sévèrement accroché à la 3D. C’est déjà pas mal. On va pas lui en vouloir d’être passé à côté de l’histoire. Il était certainement trop occupé à jouer avec les grenouilles et autres sous-marins qui jaillissent de l’écran…

J.T Yurko, lui, essaye de nous montrer qu’il est compétent en nous parlant de Kaiju Eiga en introduction dans le Rome News Tribune du 12 aout 1983. Mais ça ne fera pas illusion bien longtemps… Pointant du doigt dans un premier temps la prétendue absence de suspense et d’originalité, il s’enfonce définitivement en critiquant la performance inoubliable des trois acteurs principaux. Sincèrement, il faut vraiment être aveugle pour ne pas se rendre compte que Louis Gossett Jr est plus convaincant en Calvin Bouchard qu’en sergent Foley! Quoi, moi de la mauvaise foi? Et quand ce détestable pseudo-journaliste écrit sur l’aspect gimmick de la 3D? ça c’est de l’authentique mauvaise foi qui mériterait des gifles! Je suis sûr et certain que lui aussi a passé le plus clair de son temps à essayer d’attraper la seringue hypodermique de Dan Blasko et le harpon de Dennis Quaid… Mort à tous ces journaleux!!! Je m’emballe… Quand je vous dis que le risque de se mettre en colère est grand…

Les céréales Shredded Wheat de Nabisco sont loin d’être inconnus des fans de Jaws 3D! Rien que sur ce site, on a déjà évoqué ensemble la paire de lunettes anaglyphe disponible dans chaque paquet (ici), la pub TV (ici) et l’exhibitor campaign book anglais qui annonçait l’offre (ici). Il était donc temps de s’attarder quelques minutes sur les boites cartonnées de ce formidable outil promotionnel! Malheureusement, il est particulièrement difficile de dégoter les 4 modèles différents (2 pour les paquets de 18 biscuits et deux autres pour ceux contenant 27 gourmandises) sur le marché de l’occasion. Et quand, par magie, un des modèles apparait sur Ebay, le prix s’envole de façon très inquiétante… Certainement, des fans de céréales… Des fans titillés par le fabricant qui les met au défi d’en manger 3 (…bet you can’t eat three!). Soit c’était affreusement mauvais, soit c’était la façon la plus intelligente (et agressive) de pousser l’amateur à repasser à la caisse en lui faisant vider son paquet en un temps record!

Le plus intéressant reste bien entendu la tranche et le verso qui contiennent à chaque fois une mini BD de quatre vignettes 3D. Ces petits dessins au style très proche des illustrations pondues pour les trading-cards de chez Topps sont accompagnés de commentaires décrivant l’action. De quoi revivre les scènes les plus spectaculaires du film de Joe Alves! Encore faudrait-il que la dite-scène figure dans le long-métrage que l’on connait par coeur… Ce qui n’est visiblement pas le cas du premier comic Gala opening day at Sea World qui ressemble à tout sauf à ce qu’on peut voir dans Jaws 3D! Mais bon, le relief fonctionne et c’est toujours ça de gagné… Je vous invite donc à vous munir de votre paire de lunettes 3D anaglyphe et de profiter du spectacle.

« Terror-stricken, the waterskiers pyramid collapses and there is a desperate attempt to escape.« 

Lorsqu’on se met en tête de collectionner tous les magazines de la planètes comportant quelques pages sur Jaws 3D, il faut s’attendre à accumuler les couvertures à la gloire de Travolta et du Staying Alive du père Stallone (en très petite forme sur ce coup-là). Tapez Travolta sur le moteur de recherche du site si vous êtes d’un naturel sceptique… Alors que nous réservent les 68 pages de ce magazine australien? Pas grand chose en dehors d’articles promotionnels sur les grosses sorties de l’année 1983: Superman III, Return of the Jedi, Scarface, Bmx Bandits avec Nicole Kidman (un réjouissant nanar signé Brian Trenchard-Smith)… Une trentaine de futurs classiques du genre remplissent donc les pages de ce magazine (N&B et couleurs) avare en scoop et sans le moindre esprit critique (sauf en ce qui concerne les chroniques livres et disques) mais gavé jusqu’à la moelle de jeux en tout genre: mots croisés, quiz…

Alors 1$ canadien en 1984, 20 fois plus 30 ans plus tard… Est-ce qu’il est nécessaire de faire l’effort d’importer ça en Europe? Pour à peine quelques lignes futiles, 4 photographies noir et blanc recadrées et le désormais incontournable visuel de Gary Meyer, je serai tenté de dire non… Mais la présence d’un inédit logo transparent JAWS 3 IN 3D accompagné du M cerclé pour Mature audience (typique en Australie) poussera certainement les plus fans d’entre nous (ou les plus atteints) à passer à la caisse! Quant aux autres… Profitez de la photographie à droite. C’est cadeau!

J’espère que tout le monde se souvient de mon article sur le Exhibitor’s campaign book anglais de 1983… Si ce n’est pas le cas, alors il va falloir cliquer ici de toute urgence! C’est fait? Non, alors je vais vous pondre un bref résumé… Dans le 8 pages de cette petite rareté, on peut donc lire quelques infos sur les céréales Shredded Wheat aux couleurs de Jaws 3D. On y apprend que la firme Nabisco mettra à disposition des consommateurs 4 paquets différents (avec lunettes 3D et illustrations anaglyphes). Des consommateurs qui, une fois le bol de céréales enfilé, devraient vraisemblablement se ruer dans les salles de cinéma pour profiter du film de Joe Alves! Et parce que Nabisco et UIP ne font jamais les choses à moitié, ils décideront d’investir dans une campagne pub TV agressive (à hauteur de 250,000£). Aujourd’hui, il est temps de partager cette publicité invisible du grand public depuis plus de 30 ans. C’est peut-être pas la publicité la plus efficace du siècle dernier mais elle devrait réjouir les amateurs de squales et de céréales…

En ce qui me concerne, je n’ai jamais prêté attention aux critiques cinéma. Et je pense avoir eu raison car la majorité des films que j’aime ont presque toujours été descendus par la presse! De là à conclure que votre serviteur manquerait cruellement de goût… Peu importe, voici deux reviews publiées en juillet 1983 qui prouvent que même à l’époque le cas Jaws 3D divisait l’opinion. La première, rédigée par le journaliste du Los Angeles Times Kevin Thomas, est clairement positive. Pas une surprise quand on sait que Mr Thomas avait la réputation d’être moins sévère que la plupart de ses collègues. Le genre de mec qui aime tout en quelque sorte. Tout le contraire de John R. Duvoli.

Ancien collaborateur du magazine Cinefantastique, Duvoli n’a pas su, si on en croit cette review du Evening News, apprécier le film de Joe Alves à sa juste valeur. Obligé d’admettre les qualités évidentes du long-métrage (le plan à l’intérieur de la gueule du monstre, Bess Armstrong…), il va néanmoins reprocher à ce troisième volet son utilisation peu originale du procédé 3D, vantant au passage les mérites du Spacehunter de Lamont Johnson. Loin de moi l’idée de critiquer ce petit classique de la science-fiction mais pour ce qui est de l’utilisation de la 3D, je vois pas en quoi Spacehunter est plus innovant que Jaws 3D… Techniquement, il est même un cran en dessous si on se base sur la qualité de la copie VHD et les propos des historiens de la 3D. Une chose est sûre, il est moins généreux en effets pop-up que notre film préféré! On soulignera quand même une petite information dont je n’avais jamais entendu parler: les films 3D étaient systématiquement exploités à l’époque en version plate dans les cinémas Drive-in! Je ne sais pas encore quelle est la raison technique mais je compte sur vous pour m’apporter des réponses!

Le site onrembobine.fr vient de mettre en ligne une interview de Joe Alves effectuée lors de sa venue en France à l’occasion du cinquième épisode des Nuits bis de la Scala (le rendez-vous des fans de cinéma de genre de la région) le vendredi 27 février 2015. L’interview (mené par Jérôme « anaconda » Muslewski) est intéressante pour plusieurs raisons. Déjà, on y parle de moi. Bon, vous n’apprendrez pas grand chose sur ma personne mais ça fait toujours plaisir de voir son nom apparaitre sur un des meilleurs sites de la toile. Et puis, surtout, vous pourrez lire l’intégralité des propos tenus pendant la conférence de presse de Mr Alves! Comme si vous y étiez en quelque sorte. D’ailleurs, j’ai le plaisir de vous annoncer qu’une vidéo de cette conférence va bientôt apparaitre dans ces pages grâce au travail des équipes du Manoir aux chimères, de Khimaira et Singapour 1939. On peut dire que vous êtes gâtés… Pour lire l’interview, cliquez ici. Bon, Jérôme… C’est pour quand le site sur le Anaconda de Luis Llosa?

A l’occasion de la sortie fin 83 de la trilogie Jaws en vidéocassette (Betamax et VHS), le journal Toledo Blade faisait paraitre le 5 novembre 1983 un petit article (pas tendre avec les deux suites) qui laissait sous-entendre que MCA avait envisagé, un temps, de sortir le film de Joe Alves en 3D. Comme chacun sait, à ce jour, il n’existe que deux moyens de voir le film en relief dans le confort de son salon et de façon tout à fait légale: le VHD japonais et le DVD de chez Sensio. Tous les deux évitant soigneusement le procédé anaglyphe. Mais est-ce que la VHS et la Betamax auraient pu se passer des lunettes en carton rouge et verte? Difficile techniquement même si au Japon, la firme JVC et sa sous-division Victor expérimentaient déjà le Field Sequential 3D: un procédé (qui a inspiré le Segascope 3D de la Master system) qu’ils populariseront 2 ans plus tard et qui peut fonctionner à partir d’un simple disque vidéo ou d’une vulgaire VHS! Bien évidemment, si MCA s’était orienté dans cette voie, peu d’américains auraient pu profiter de la tête de mérou et du membre d’Overman en lévitation à quelques centimètres d’eux. Et pour cause, une paire de lunettes LCD Shutter Glasses et un boitier synchroniseur coutaient, au milieu des années 80, un bras! La solution anaglyphe aurait sans aucun doute été, commercialement, la plus viable pour une sortie de cette envergure. Mais comme le dit l’article, les résultats étaient tellement mauvais (on se souvient tous de Freddy’s Dead en VHS) que le projet a été rapidement abandonné. Alors une question demeure: existe-t-il dans les cartons d’Universal une copie 3D anaglyphe du film? Voilà le genre d’enquête que j’adore mener!

Bien qu’on puisse lire la date de 2009 au verso de cette édition australienne, ce triple DVD n’a été commercialisé que quelques années plus tard. En 2011 pour être précis. Pourquoi deux ans d’attente, me demanderez-vous? Je n’en sais absolument rien. La seule chose que je peux vous dire c’est que le gars chargé de l’artwork doit avoir énormément de sympathie pour le nanar de Joseph Sargent puisqu’il réutilise le visuel pondu pour l’édition DVD zone 1 du catastrophique quatrième volet. On aurait préféré que le film de Joe Alves soit mis en valeur au détriment du désastre industriel de 1987 mais bon…

Au niveau du contenu des disques, pas de surprise! Enfin, pas de surprise si vous êtes déjà familier avec les éditions simple zone 4 Pal. Même interactivité, même spécificités techniques. La grosse différence étant la sérigraphie des disques. Tout ça est un poil austère mais ça change un peu. Bon, ça justifie toujours pas de repasser à la caisse mais quand il s’agit de gonfler artificiellement sa collection, tout est bon à prendre! Vous remarquerez la jaquette imprimée des deux côtés. Elle permet de retrouver les crédits et donc les principaux coupables de Jaws the Revenge. Vous ai-je déjà dit à quel point je détestais ce film? Il faudra un jour que je vous explique pourquoi…

Une chose est sûr, ce n’est pas le cas du concepteur graphique qui nous impose un photo-montage à la gloire des Dents de la mer 4! C’est une blague ou quoi? Complétement ridicule! Regardez l’air idiot d’un Mario Van Peebles incapable de voir l’aileron de Bruce IV pourtant à moins de deux mètres du Neptune’s Folly! Bon, c’est toujours mieux que la photo d’exploitation de Lance Guest en tenue de plongeur entouré de caméramans (cf lobby cards allemandes et françaises)… Je suis dur, je sais. Mais si ça peut pousser un fan à se lancer dans une entreprise de réhabilitation du film sous forme d’un site (à l’image de celui-ci) alors j’aurais réussi à faire bouger les choses! Aussi nul que soit le dernier long-métrage de Lorraine Gary, il mérite son jawstherevenge.com .