Jaws 3D par Romain Néophyte

En épluchant les archives du journal Lakeland Ledger (du moins celles de 1983), on tombe régulièrement sur des informations liées à notre film préféré. L’ exemplaire daté du 23 juillet, par exemple, revient sur une avant-première du film à SeaWorld dont l’ intégralité des recettes avait été versée à une association   « Find the Children » présidée par la propre femme du producteur Alan Landsburg: Linda Otto. L’ organisation ,toujours en activité, est depuis 1983  présente sur le terrain préventif (maltraitance, abus sexuels) et travail sans relâche à retrouver la trace d’ enfants disparus. Elle accompagne aussi les parents dans leurs démarches administratives et bien évidemment dans l’ aide matériel. Même depuis la mort de sa compagne le 27 juin 2004, Alan Landsburg reste proche de cette formidable association… L’ article en question, signé Terry Head (et joliment illustré par Kathy Wildman) est, comme vous allez pouvoir vous en rendre compte, particulièrement précis quant au déroulement de l’ évènement. On y apprend, entre autre, que près de 500 chanceux (accompagnées de nombreux enfants) étaient présents ce jeudi 22 juillet (la veille de la sortie nationale) et que l’ opération permis de réunir près de 15000 dollars… Une coquette somme qui, à coup sûr, aura servi à rendre le monde un peu meilleur. 

Spectaculaire, cruelle et improbable… Je veux bien évidemment parler de cette séquence mémorable de Jaws 3D où l’ aventurier Philip FitzRoyce (et accessoirement le spectateur grâce à la magie du relief) est dévoré vivant par la star du film. Une scène qui, en terme d’ impact, rivalise aisément avec les mises à mort de Quint dans le premier Jaws et de la douce Marge dans l’ honorable séquelle de Jeannot Szwarc. Malgré ce que l’ on pourrait imaginer, l’ idée particulièrement originale d’ adopter le point de vue de la victime en plaçant la caméra à l’ intérieur de la bouche du requin ne date  pas de 1982 mais bel et bien de 1974. On en trouve des traces dans des storyboards conçus par Joe Alves illustrant la disparition -un temps souhaité- du personnage de Matt Hooper…Mais revenons un instant sur cette intriguante photographie (issue du jeu de viewmaster) de Simon MacCorkindale confortablement installé derrière plusieurs rangés de dents et attendant sagement d’ être avalé par le monstre. Et bien sachez que ce plan précis ne figure pas dans le film…

Comme on pouvait le suspecter, seule une petite partie du requin était nécessaire pour tourner ces fabuleuses images. Dans le 3ème numéro du fanzine Simon Says, on peut trouver un magnifique cliché N&B de cette fameuse « mouth » pris par l’ envoyée spéciale Tisha Shelden qui en profite pour dévoiler aux lecteurs quelques informations plutôt intéressantes: « After lunch I wandered over to look at the fake sharks. A man tending the « mouth », which is what they call the thing Simon is eaten up in, was sitting there and he offered to take my picture in it as if the shark was eating me. Simon says it’ s great, it undulates when he’ s in it. There are 5 fake sharks in all, each with the hydraulics exposed from a different side; one each for belly shots, top shots, left and right side shots, and « the mouth ».

« The sharks, instead of being quiet ans swift moving, are so noisy that when the order was given to « start the shark », the air compression and hydraulics that move them along on the track, hissed and sputtered and sounded like a locomotive. And they moved « slow as Christmas ». The first few times everyone laughed. A friend on the set who worked in the technical end told me that the ending with Simon and the shark was really gruesome, with Katie (make up) forming blown up « bit and pieces » in spray plastic foam and then sending it awash in fake blood, which stained their wet suits I heard. »  Malgré toutes les précautions prises pour donner de la crédibilité aux séquences se déroulant à l’ intérieur du requin (qui soit dit en passant ne respecte pas la même échelle que la version complète) , deux petits défauts sont visibles à l’ écran.

Sur la première capture d’ écran, on peut très largement distinguer la surface de l’ eau. Ce détail (presque invisible lorsque le film est projeté en 3D)  était déjà une bonne indication quant à la nature du trucage. La seconde photo est tirée de la scène où Mike observe le corps inanimé de Philip. Visiblement, les longues heures passées dans l’ eau auront eu raison du latex recouvrant le matelas pneumatique si on en juge cette déchirure de plusieurs centimètres qui donne l’ étrange impression que le monstre est doté d’ une langue. A effacer numériquement pour l’ édition spéciale en Blu-ray…

Présent dans les kiosques  depuis 1976, Première (le magazine du plus fort du cinéma) fait figure de poids lourd au sein de la presse hexagonale. Pourtant, on se demande encore comment un magazine de cette qualité  a pu conserver et fidéliser un lectorat. Surtout après avoir délivré une critique des Dents de la mer 3 aussi sévère et injuste (qui a dit méritée ?)… Seule certitude, le coupable de cette ignominie de 250 mots (consultable ici) devra un jour répondre de ses actes… Profitons de cette article pour saluer le courage d’ un de nos plus fidèles lecteurs: Alex qui, tel un archéologue, brave régulièrement la poussière et les toiles d’ araignées pour ramener à la surface ces trésors inestimables. Longue vie à ceux qui ne jettent rien!

Alors que l’ immense majorité des fans de Jaws 3D pleure déjà de ne pouvoir ajouter à leur collection le célèbre VHD japonais (déjà traité ici même) , je me permet d’ enfoncer le clou en vous présentant cet exemplaire promotionnel destiné aux boutiques de l’ archipel. Beaucoup plus rare que la version commercialisée, ce disque ne comporte qu’ une seule et unique face de 22 minutes et 19 secondes (correspondant à la 3ème partie) et comportant quelques unes des meilleurs séquences du film de Joe Alves. Au niveau de l’ artwork, quelques changements mineurs sont aussi à souligner.

En dehors des deux stickers collés au recto (que tout le monde aura immédiatement remarqué), on notera surtout le titre du film qui, étrangement, perd la lettre D. Même constat pour le logo rouge et blanc imprimé au verso… Au niveau du choix des photos, pas la moindre  surprise. On retrouve les 4 ou 5 sempiternels clichés qui décoraient la VHS et le Laserdisc (et bien évidemment le VHD) sortis au Japon à la même période. Autant dire qu’ on aura connu plus exotique dans le genre. Peu importe… Cet objet a, comme vous vous en doutez, le potentiel pour devenir la pièce maitresse de votre collection alors dès aujourd’ hui économisez, écumez les sites d’ enchères et priez St Bruce… Je profite de l’ occasion pour remercier mon ami Laurent pour sa précieuse aide lorsqu’ il s’ agit de trouver du matériel Japonais. Sans lui, le Jaws 3D Museum serait nettement moins impressionnant…

Comme vous le savez, l’ indispensable Making-of de Mark Grossan : Sharks don’t die offre un nombre important de scènes coupées et de plans alternatifs. La séquence, par exemple, où Philip et Jack immortalisent Shamu est  plus longue de quelques secondes par rapport à la version finale. Bien qu’ elle soit la preuve irréfutable que le personnage incarné par Simon MacCorkindale ne recule devant rien pour apporter des images saisissantes, elle est surtout l’ occasion pour nous d’ assister à une cascade complètement imprévue… Dans le 3ème numéro du fanzine Simon Says ( à la gloire de l’ acteur anglais) , l’ apprenti journaliste Tisha Shelden revient sur l’ incident:

« Then while some male trainers were working with Shamu, Simon and P.H came out onto the edge of the platform to do the shots of Philip, with rope tied around his waist, filming Shamu and his trainer. This is when Simon’ s unplanned stunt occured (see more mahem, issue #2) . If the rope hadn’ t been around Simon’ s waist, he would have surely fallen in, camera and all. Rupert was elated that they captured that moment on film and told simon: I could never have asked you to do that! We’ ll have to wait and see if it actually shows up in the movie. » Une preuve de plus de l’ investissement de Simon MacCorkindale dans ce Jaws 3D…

Après le fantastique article consacré au  mini dossier de presse espagnol, vous avez été nombreux à me demander des éclaircissements sur les divers titres donnés au film de Joe Alves lors de son exploitation dans cette partie de l’ Europe. Il me parait donc judicieux de vous présenter, dans un premier temps, l’ affiche de la version plate d’ El Gran Tiburon. Comparable en terme de taille au One-sheet US, elle se différencie surtout par l’ absence de la lettre D et l’ utilisation de la tagline alternative « descubra nuevas profundidades del terror » . Bien évidemment, toutes les informations liées aux différents procédés 3D disparaissent des crédits au même titre que les quelques lignes  concernant la bande originale et leur auteur. Le reste est comme vous pouvez le constater sans surprise… Terminons avec son papier de mauvaise qualité qui occasionne quelques fois au collectionneur de mauvaises surprises. Car trouver un exemplaire de ce modèle en parfaite condition tient souvent du miracle. Alors soyez vigilants…

« Romain, le Japon m’ intrigue, j’ adore les Dents de la mer 3 et j’ ai une fascination pour les lobby cards. Que peux-tu pour moi?  » Décidément, les demandes de nos lecteurs sont de plus en plus ciblées et précises… Mais comme je ne recule devant rien pour satisfaire votre soif de connaissance, je vous offre une occasion unique de profiter de ce magnifique jeu complet de lobby cards japonaises (numérotés de 1 à 8 ) aux couleurs étrangement délavées. Une pièce de collection extrêmement rare (en tout cas en dehors de l’ archipel) constituée de 8 sublimes photographies imprimées sur du papier glacé de qualité et mise à disposition des exploitants par CIC pour la sortie en salles du 31 mars 1984. Peu d’ originalité, cependant, dans le choix des clichés contrairement à ce que l’ on est en droit d’ attendre de la part des Japonais… J’ en profite pour remercier mon J-dealer pour toutes ces merveilles  exotiques qui sauront être appréciées des fins connaisseurs.

Avec cette nouvelle vague 3D, on entend (et on peut lire) tout et n’ importe quoi… La palme de la plus grosse bêtise revient aux nombreux journalistes qui s’ étendent sur les soi-disant lunettes rouges et vertes distribuées pendant les projections de Jaws 3D alors que l’ on sait très bien que le film n’ a jamais été projeté en anaglyphe… Et ce sont généralement ces mêmes personnes qui émettent des réservent quant à la qualité du relief! Bref, on aura tout vu. Plus intéressant est cet extrait du Eugène Register-guard daté du 4 aout 1983 qui prouve que la réussite du film (d’ un point de vue purement technique) dépend surtout du matériel de projection. Malgré les moyens mis en oeuvre par Universal pour former les milliers d’ opérateur de cabines du territoire américain, Rupert Hitzig faisait déjà part de ses doutes dans le numéro special 3D de l’ American cinematographer en déclarant: « I just hope we are not too early and that improved adapter lenses, highter wattage projection bulbs and better glasses will be here by July« . Visiblement, ses inquiétudes étaient légitimes…

Pour avoir exploité L’ ultimo Squalo de Castellari sous le titre de Tiburon 3, l’ Espagne se retrouve dans une situation particulièrement compliquée au moment de lâcher la bombe Jaws 3-D dans les salles de cinémas. Après avoir pensé à distribuer le film de Joe Alves sous le titre de Tiburon 3a Parte, CIC fini par le baptiser Jaws 3-D El Gran Tiburon au risque de troubler une partie du public… Peu importe. Ce pressbook 4 pages au format A4 est une pièce de collection plutôt rare en dehors de la péninsule ibérique qui devrait apporter la touche d’ exotisme nécessaire en cette période estivale… La couverture de cet objet reprend, comme vous pouvez le constater, l’ indispensable visuel de Gary Meyer auquel on a ajouté le sous-titre EL GRAN TIBURON en lettre jaune. A noter l’ absence de contour sur celles du titre original.

A l’ intérieur, vous trouverez une fiche technique plutôt succincte accompagnée d’ un synopsis (qui présente le film en tant que Tiburon 3a Parte-3D) et de 5 photographies N&B, plutôt communes, qui n’ appartiennent cependant pas à la série de clichés utilisés pour les lobby cards espagnoles… La dernière page ne vaut pas la peine qu’ on s’ y attarde puisqu’ elle n’ offre qu’ une liste des bureaux CIC à travers l’ Espagne. On aurait préféré quelques images du monstre.

Hier soir, dans l’ anonymat le plus complet, le site www.jaws-3d.com a soufflé sa première bougie… 12 mois de travail acharné (et 220 articles) pour tenter de vous convaincre de réviser votre jugement…  Des heures de recherches pour apporter du matériel inédit aux fans complètement acquis à la cause de ce troisième volet… Des tonnes et des tonnes de photographies rares ou encore jamais publiées… Des produits dérivés improbables et des textes d’ une rare intelligence… Sans parler des interventions exclusives de John Putch, Daniel Symmes, Gene Rizzardi et Rupert Hitzig qui auront apporté de la crédibilité à l’ entreprise… Et toujours pas le moindre mot du réalisateur Joe Alves.

Alors que nous réservent les 12 prochains mois? Difficile d’ imaginer que je puisse continuer aussi longtemps à ce rythme. Comme vous le savez, les infos liées à Jaws 3D sont maigres et la difficulté à joindre les principaux artisans presque insurmontable! Seule certitude: l’ ouverture imminente d’ un JAWS 3D RESSOURCE qui compilera toutes les photographies du film en haute-définition… Je termine en remerciant chaleureusement mon ami Toma pour son travail technique et tous ceux qui, régulièrement, me filent un coup de main (Jérome, Rusty, Blue-Soul, Superwonderscope, Jude…) et Anabelle qui sait mettre en valeur les pièces de collection. Sans oublier le plus important: les lecteurs du monde entier. Merci à vous tous.

Pour me contacter: neophyte.punk@gmail.com