Jaws 3D par Romain Néophyte

La promotion du film de Joe Alves sur le territoire anglais a été plutôt conséquente. Pour le plus grand plaisir des collectionneurs, United International Pictures (uk) n’a privilégié aucune version du film. Il existe donc de nombreuses variantes et le dossier de presse 4 pages que je vais vous présenter dans un instant n’y échappe pas. Dans le coin gauche, avec un poids d’un peu plus de 100 grammes le dossier de presse UK version plate. A ma droite, la version 3D de ce même document avec un poids sensiblement équivalent. Celui de gauche a décidé de retirer toute référence au procédé 3D dans les crédits. Toutes les informations techniques sur l’arrivision ou la stereovision ont été  supprimées. Le dossier de presse de droite nous offre un magnifique pop-up de Bruce III dans l’esprit « in your face » tout à fait savoureux. Les infos liées à la troisième dimension ont retrouvé leurs places mais le titre a ,quant à lui ,complètement disparu. La décision est sans partage.  A l’instar du long métrage, la version 3D du dossier de presse écrase et humilie sa petite soeur toute plate… Un K.O technique sans précédent.

Vous êtes nombreux à réclamer du dépaysement et en cette période estivale je dirai que c’est tout à fait légitime…Parce que je ne refuse rien aux fans de JAWS III je vais faire preuve d’un peu d’exotisme dans mon article. Je vous invite donc à rejoindre la république italienne (7 heures de route en partant de Metz ,quand même) , patrie des Locandina… La Locandina est un format d’affiche de cinéma très particulier (30X70 soit 12×28 en pouce) qui, malgré des dimensions plutôt avantageuses, a peu de chance d’orner les murs de vos salons. La faute à une bande blanche plutôt conséquente qui occupe toute la partie supérieure. C’est certainement très utile pour l’exploitant, je n’en doute pas… Le collectionneur,lui, fera son maximum pour réprimer une folle envie de dégainer des ciseaux…  La terza dimensione e il terrore… Voici deux visuels pour la sortie de LO SQUALO 3 en italie. Une version plate (qui garde étrangement la tagline) et une autre qui mise tout sur le relief (au risque d’insister un peu avec le chiffre 3) . Une campagne d’affichage qui permettra au film de s’imposer à la 14eme place du box-office national l’année de sa sortie (soit  plus de 400 000 spéctateurs)… Plutôt pas mal…

Mad movies a longtemps été ma bible et Jean-pierre Putters (son fondateur) mon berger. Je me souviens encore de mon premier numéro acheté en kiosque (avec le docteur Pretorius de From Beyond en couverture) et des chèques de 40 francs envoyés Rue Mansart pour compléter ma collection… La bonne époque… Ce numéro 28 est une pure merveille. L’ excellent dossier sur la Sainte Trilogie (celle de George bien évidemment)  en fait un objet assez difficile à dénicher sur le marché de l’occasion. Il faudra donc s’armer de patience pour contempler les 4 pages consacrées à la saga des DENTS DE LA MER que Bertrand Collette nous a concocté pour la rubrique « le film décrypté » . L’article n’est pas des plus sympathique envers l’épisode qui nous intéresse. Quelques informations sur sa production, 3 photos couleurs et une bonne blague en guise de conclusion nous fera fermer les yeux sur l’indigence du texte… En tout cas, 26 ans après la parution de ce numero, LES DENTS DE LA MER III n’a toujours pas été réhabilité par Mad Movies et JPP n’en a même pas parlé dans son fantastic’ guide lorsqu’il a abordé la lettre D… Comprendront-ils un jour?

Les collectionneurs les affectionnent particulièrement. Ils sont généralement colorés, riches en infos et anecdotes et illustrés par d’abondantes photos pleine page plus belles les unes que les autres… Je veux parler bien évidemment de ces outils promotionnels que sont les dossiers de presse. Vous aurez, prochainement,  l’occasion de vérifier à quel point les pressbooks US et japonais de Jaws 3D sont des pures merveilles… En attendant, vous allez devoir vous taper un article sur l’horrible dossier de presse français… Ah, je sais, c’est pas tous les jours facile… Consolez-vous en imaginant la tête du type  qui se rend compte qu’il a dépensé 20 euros sur EBAY pour un truc pareil… Je pourrais tenir responsable Universal, CIC ou l’agence Lumière pour ce truc aussi esthétique qu’un mémoire mais je n’en ferai rien…Rien car le coupable s’est désigné dès la troisième page : CAROLINE DECRIEM, l’attachée de presse… (Caroline, après 26 ans, on attend toujours ton mea culpa) Au programme: Fiche artistique (ultra complète avec ses 60 rôles) , Fiche technique (très technique ça tombe bien) , Synopsis (le meilleur résumé que j’ai eu l’occasion de lire) , des portraits de Rupert Hitzig (le producteur) , Dennis Quaid, Louis Gosset JR, Bess Armstrong, Simon McCorkindale, Joe Alves, Richard Matheson & Carl Gottlieb, Alan Landsburg (le producteur exécutif) et les habituelles notes de production. Mais pourquoi tant de haine alors? Parce que c’est d’une laideur hallucinante, qu’il n’y a aucune photo, que c’est pas imprimé recto-verso et que mes feuilles se décollent… La totale… Merci Caroline…

Pour les chanceux qui ne connaissent pas, CRACKED est un magazine humoristique américain dans la veine de MAD fondé en -25 (considérons l’année 1983 comme étant l’an zéro) . Des jeux de mots et de la blague pouet pouet en veux-tu en voilà… Quoi qu’il en soit, en échange d’un simple dollar, on pouvait se fendre la poire avec cet hilarant numéro 198 consacré à la sortie de JAWZ IN 3-D (avec quelques mois de retard au passage) . 52 pages (dont 48 imprimées en noir et blanc) de franche rigolade bien loin de l’humour inoffensif de son principal concurrent. Les 7 pages de THE MAKING OF JAWZ #23 nous emmènent dans un futur lointain où la petite station balnéaire d’Amity est une fois de plus au coeur d’une histoire de squale. L’occasion rêvé pour Martin Brody de rappeler aux lecteurs les gimmicks des précédents films:

JAWZ 2 et son requin plus gros, sa superbe suite en 3-D , JAWZ 8 (où le requin rencontre ROCKY 12), JAWZ 9 où pour l’ennuyer à mort on lui montre les 8 autres films, King kong dans JAWZ 10, le parrain dans le treizième… La bande dessinée se termine avec l’apparition d’un grand blanc sans dent laissant entrevoir une prochaine sequel avec un dentiste… Définitivement nul…

Né le 13 mai 1934, Gary Meyer a consacré une grande partie de sa vie à l’enseignement et au cinéma. Inutile de tenter de résumer son histoire en quelques lignes et de transformer cet article en un puissant narcotique.  Non, focalisons nous plutôt sur son travail avec Universal en 1982. Spécialisé dans les paysages marins, les vues sous-marines, les véhicules (certainement des sous-marins) et les concept art de parcs d’attractions, Gary est l’homme de la situation lorsqu’il s’agit de produire une affiche au film de Joe alves.  En quelques semaines, il réalise sur une planche de  102cm x 71 cm le visuel le plus excitant de l’histoire du 7eme art (je vous demande de vous arrêter) .

Malheureusement pour le collectionneur que je suis, l’original a été vendu le 11 mai 2005 aux enchères pour la modique somme de 1314 dollars et 50 cents…  L’affiche, sur laquelle on trouvait la signature de Meyer en bas à gauche, était accompagnée du lettrage en trois dimensions  à superposer sur le requin. Mais le travail de Gary pour Jaws 3D ne s’arrête pas là. Il a réalisé un autre artwork qui, a ma connaissance, n’a jamais été utilisé par le studio. Il est fort probable que cette peinture vous soit complètement inconnue. Régalez-vous…

Je déteste le principe mais j’ai jugé important de vous rappeler qu’il fut un temps où LES DENTS DE LA MER 3 était considéré à tort comme un mauvais film. Le soir du 8 avril 1984 s’ouvrait, à Los Angeles, la quatrième cérémonie des Razzie Awards au Third street elementary school cafetorium. Jaws 3 concourait dans 5 catégories:
PIRE FILM/ PIRE SECOND ROLE MASCULIN (Louis Gossett jr) / PIRE REALISATEUR (Joe Alves) / PIRE SCENARIO (Richard Matheson et Carl Gottlieb, histoire par Guerdon Trueblood , inspiré par la nouvelle de Peter Benchley)/ PIRE NOUVELLE STAR (Cindy et Sandy, les dauphins qui crient) . Le film n’en décrocha aucun…

Vous êtes nombreux à me demander « Romain, je souhaite commencer une collection Jaws 3D mais mon budget ne me permet pas d’importer des merveilles aussi rares que ce fabuleux jeu de cartes…Que dois-je faire? » . C’est une question très intéressante mais je préfère vous parler du DVD allemand zone 2 des dents de la mer 3. Le disque allemand est sorti le 12 juillet 2001. Mise à part les textes au verso rédigés dans la langue de Goethe aucune différence avec les autres éditions européennes au niveau de l’artwork. L’ intérêt de ce DVD réside surtout dans la présence d’une Deutsch sprachauswahl en mono qui permet aux fans de redécouvrir le film sous un angle complètement inédit. « keine überstunden » , « Sie reden von einer verdammten Haimutter » ou « seine mutter ist im park » … Les phrases cultes ne baissent en aucun cas en intensité… Nos doubleurs allemands se permettent même d’inventer des lignes de dialogues donnant un côté encore un peu plus surréaliste à l’ensemble. Par contre, le personnage de Fred (le black dévoré par le requin à la 88eme minute) ne pousse plus qu’un seul et unique cri sous l’eau…(alors que c’est un festival en VO et VF) . La seule chose detestable dans cette version, c’est le redoublage lors de la scène où Philip Fitz Royce perd la vie en POV… Les fans comprendront…

Je reconnais que le précédent article était légèrement ennuyeux mais puisque vous avez pris la peine de le lire (le dévorer pour certains d’entre vous) je vous invite à un petit moment de détente. Pourquoi ne pas profiter de cet horrible jeu de cartes estampillé JAWS III tout droit sorti de ma collection. 52 cartes et 4 jokers mais nulle trace de requin où que ce soit… Les concepteurs ont eu la bonne idée de décorer les jokers avec des poissons déguisés en clowns… L’effort est louable mais on reste quand même assez loin de l’univers du film qui nous intéresse.

Non, il y a définitivement peu de chance que cet objet soit officiel. Pourtant ce JAWS III 1001 PLAYING CARDS a été fabriqué par The US playing cards co, une compagnie fondée en 1867 qui demeure l’un des leaders du marché des jeux de cartes… Une énigme… Au fait, qui est intéressé par une bataille ?

On a souvent tendance à considérer à tort JAWS 3D comme un échec commercial. Pourtant les chiffres nous permettent d’établir un bilan tout à fait différent. Le film sort le 22 juillet 1983 sur 1300 écrans. Au bout de 3 jours, les chiffres tombent: 13,422,500$ soit le meilleur démarrage de la saga. Le film de Joe Alves prend la tête du box-office. 31 juillet… Après 10 jours d’exploitation sur 1311 écrans, le film descend à la deuxième place du classement et cumule déjà 25,516,336 $ soit une chute de presque 46% (rien d’alarmant c’est le lot de tous les blockbusters) 7 aout: le requin a déjà rapporté 35,148,779 $ et près d’un millier de cinémas l’ont encore à l’affiche. 14 aout: 39,230,274$ et dépasse la barre des 40 millions (40,852,894) la semaine suivante. Le 28 aout et alors que seulement 303 écrans lui sont accordés, JAWS 3-D atteint 41,708,015 $ de recettes et navigue à la 17eme place du classement hebdomadaire. Le 5 septembre, Universal peut se féliciter d’avoir engendré 42,245,180 $ sur le sol US alors que seulement 244 copies sont encore exploitées.

Le troisième volet terminera sa carrière en salle avec 45,517,055$ et pointera à la 15eme place du box office de l’année 83 devant SCARFACE.