Jaws 3D par Romain Néophyte

Abandonnons pendant quelques instants nos cartes à collectionner et nos coupures de presse pour nous consacrer à un des décors les plus utilisés dans le film de Joe Alves: le « Jaws 3D shSHSHARK TANK ». Avec ses 35 mètres de diamètres et 11 de profondeur, soit une contenance de 6000 mètres cubes, ce réservoir a longtemps détenu le record du plus grand bassin utilisé pour le besoin d’un tournage avant de se faire pulvériser par le Abyss de James Cameron et son réacteur de central nucléaire inachevé… Comme l’explique le producteur Rupert Hitzig, il a été, dans un premier temps, envisagé de profiter de bassins déjà existants: « The tank at Pinewood was occupied with Octopussy. The one in Malta posed technical problems. In the Bahamas, where they did The Deep, the facility had been allowed to run down. The tank at MGM was too small for our shark. » .

Avant de rentrer plus en profondeur sur les différents aspects techniques de cette petite merveille, profitons dès maintenant de ces deux photographies (dont une est signée Erik Hollander) qui nous permettent d’ apprécier une illustration (artistiquement très discutable) de la star du film peinte sur la coque du réservoir… Un requin à l’aspect brillant et aux proportions fantaisistes qu’on aperçoit aussi dans l’ indispensable making-of d’ époque Sharks don’t die comme en témoigne ce screenshot à la qualité douteuse. Notons aussi la présence d’ un shshshark tank à proximité du squale qui démontre un certain sens de l’ humour de la part de gens responsables de sa réalisation.

Le réalisateur du mésestimé Jaws 3-D fête, en ce vendredi 21 mai, son 74ème anniversaire. L’occasion pour nous de lui témoigner notre profond respect   pour l’ensemble de son oeuvre qui comprend, entre autre, Sugarland Express (en tant que directeur artistique), Rencontre du 3ème type, New York 1997 (chef décorateur) ou bien encore Starman (en qualité de réalisateur de seconde équipe)… Nous sommes nombreux, aussi, à penser que 74 ans est un âge idéal pour commencer à rédiger ses mémoires (et plus particulièrement un  livre exclusivement consacré à son expérience professionnelle sur la période 82-83) ou à se confier à des fans français… En attendant, je vous invite à lui souhaiter par le biais de ce site un joyeux 74ème anniversaire. Happy Birthday Joe , Hail to the king !

Réalisateur américain spécialisé dans le genre documentaire, Murray Lerner (Jimi Hendrix at the isle of wight, Amazing journey…) est surtout connu des fans de Jaws 3D pour son court métrage Sea Dream sorti en juin 1978 et réservé dans un premier temps au seul parc Marineland situé en Floride. D’une durée de 23 minutes et intégralement tourné en trois dimensions, Sea Dream a définitivement été une source d’ inspiration pour une grande partie des gens responsables de la réussite de ce troisième volet. Narré par Alexander Scourby, Sea Dream nous offre un voyage de toute beauté à travers les profondeurs de la mer dans un style finalement assez proche du Ocean Wonderland programmé depuis 2003 dans les salles Imax. Dans 3D Filmakers: Conversations with creators of stereoscopic motion pictures par Ray Zone, Murray Lerner s’étend sur l’influence majeur de son oeuvre sur le film de Joe Alves.

The reason Jaws 3 was done in 3-d was beacause of Sea Dream. Here’s the history, which I learned about later. After I left Disney, I had an office at Mel Simons Productions. Simon had made an affiliation with Alan Landsburg, who explained that he had bought the rights to Jaws 3. Landsburg told me, « A number of my people went to see Sea Dream at Marineland. » Here we are with Jaws 3 and it connects with 3-D. At the time, I was doing Magic Journey, I was sent the first script of Jaws 3-D. Then my heart sank. I said  » I can’t really get involved in this ». They already have an art director. So I said « No thanks » . I think they did a whole bunch of shooting and had to redo it.

With Jaws 3-D, they had a devil of a time making the green screen compositing work in 3-D.

I heard about that. We used blue screen for Magic Journeys.

Même si Joe Alves a pris connaissance de l’existence de ce site, il n’a pas encore eu le temps de m’ envoyer un petit message d’encouragement (ni de répondre à mes tonnes de questions). Pas grave… En attendant, profitons de ces quelques propos tirés d’ une interview réalisée au début de l’année 2010 par Mike Smith du site Movie Mikes… De quoi entretenir de façon artificielle ce www.jaws-3d.com qui rassemble, soit dit en passant, pas loin d’une centaine de visiteurs par jour!!!

MS: As the director of “Jaws 3-D,” was the original concept of the film to be presented in 3-D or was that developed later?

JA: I was in Japan working on a film called “The Ninja” for Zanuck/Brown. Marvin Davis bought 20th Century Fox studios, it was a Fox movie, and ended up canceling most of the films that hadn’t started shooting. So I came back to Hollywood and Verna Fields (the Oscar-winning film editor of “Jaws,” later an executive at Universal) called me and said, “you know, they’re doing “Jaws 3″ and they’re making a mess. They’ve got a dumb script and Zanuck/Brown don’t want anything to do with it. I really think you should get involved. They’ve got a TV producer who bought the rights doing it.” So I went to see Alan Landsburg and he asked if I wanted to produce it. I said no, I’d already done that. I directed 100 days of the 2nd unit on “Jaws 2″ and I’d be interested in directing it. He said he’d think about it and asked if I’d work with Richard Matheson, the writer, and see what develops. Richard and I were scouting theme parks because the film was written with a Sea World type theme park environment. And while we were at a park in Florida we saw an exhibit of underwater 3-D photography. And I just loved it, the depth of it. It really bothered me that we were doing a “3.” There weren’t really a lot of “3’s” out there, maybe “Rocky III,” people weren’t as gracious to sequels at that time, which has really changed in recent years. Then it just hit me…JAWS…3…D. That would take the onus off of the “3.” So I made a sketch of the shark coming at us and put “3-D” around it and he liked it and said to take the idea to Sid Sheinberg (the head of Universal at the time). Sid said “this is great, let me show it to Wasserman (Universal/MCA big man Lew Wasserman). So now Universal was very interested in the project. So now I’m going to direct it and I discover that there is no new 3-D equipment…nothing since “Bwana Devil” in the 1950s. So we had to make new cameras. So, no, it didn’t start off as “Jaws 3-D.”

Au sujet de l’utilisation de la 3D, d’autres sources affirment que le projet aurait surtout été motivé par les bobines test du remake du Creature of the Black lagoon comme peut en témoigner cette interview de John Landis datant de 2005.

« I almost did a remake of The Creature from the Black Lagoon. This is a terrible story. I was going to produce it, Jack was going to direct it, we were going to shoot it in 3-D, Rick Baker was going to design the Creature. We had a very good script written by Nigel Kneale. I thought it should be in 3-D, and I started experimenting with all of the different 3-D processes – and the good one really is the Polaroid one. So, we shot a test with a Playboy Plamate – I think her name was Gig Gangel – in Steven Spielberg’s swimming pool. And it was incredible! Naked girl swimming in Spielberg’s pool, and we had a monster hand [reaching for her]. So, we show the test to Sid Scheinberg, who’s running Universal at the time, and Sid got all excited. He said, “Oh, this is fantastic, but we shouldn’t do this with the Creature, we should do it with… JAWS 3-D!!!” And that was the end of that; they made that piece of shit. And then they also used a different process! I sold him on the Polaroid because of how good it looked, but he used the cheaper, shitty [process]. »

Vous avez certainement remarqué que mes interventions se font particulièrement rares en ce moment… Et bien sachez que la principale raison de cette absence de mise à jour est liée à mon futur déménagement qui, il faut bien l’avouer, me prend une grosse partie de mon temps libre. Qui dit déménagement dit forcément problème de connexion internet donc inutile de céder à la panique si vous n’avez pas de nouvelle de votre serviteur pendant les prochaines semaines. En plus, je vous reserve une tonne de surprises à mon retour avec des interviews exclusives de plusieurs personnalités dont Danielle Versé de PSE.  En attendant, je vous invite à revenir sur une des stars du film: le célèbre cétacé mâle Kotar (injustement appelé Shamu par les non-initiés) .

Kotar , l’ épaulard, a été capturé au sud-est de l’ Islande en octobre 1978. Ses premières années de captivité, il les passera au SeaWorld de San Diego et plus spécialement dans les eaux du Shamu Stadium. Mais dès le début des années 80, il est transféré au parc d’ Orlando. C’est dans cet environnement et sous la direction de Dan Blasko qu’on le retrouve à l’affiche de Jaws 3D lors d’une mémorable scène réunissant Mike et Kathryn au bord d’un des bassins… En 1987, notre mammifère est contraint de cohabiter avec un autre mâle venu tout droit de Marineland: Kanduke. Leur relation est désastreuse et les bagarres récurrentes. Kotar mord le pénis du nouvel arrivant et obtient son ticket pour le parc fraîchement inauguré de San Antonio dès 1988 où il y passera le restant de ses jours. Le 1er avril 1995, en jouant avec une grille d’entrée, il se fracture la crane et meurt d’hémorragie… Un vrai poisson d’avril… Heu… mammifère.

« Je sais Dennis… Ton anniversaire c’était le 9 avril et mon retard est, par conséquent, inacceptable. Mais saches que je traverse une période assez difficile en ce moment. J’espère que tu ne m’en voudras pas. Bon anniversaire mon pote. » Voilà, en gros, ce que j’aurai pu écrire à Dennis Quaid si j’avais eu la chance d’ appartenir à son cercle d’ami… Mais cet anniversaire me permet surtout de vous offrir une photographie assez rare de Mike Brody en compagnie de Sandy (à moins qu’il soit plutôt question de Cindy) dont la mise en scène particulièrement niaise plaira assurément aux plus sensibles d’entre vous. Pour information, ce magnifique cliché sur papier glacé est référencé en tant que 5300-26. Il fait partie du matériel absent du kit photo promotionnel dont nous avions fait l’ éloge il y a quelques mois (qui en comprenait 17). Outre les notifications d’usage (copyright, imprimerie…) on peut y lire en guise de légende « Theme park engineer Mike Brody (Dennis Quaid) nuzzles a friendly porpoise » . Bien évidemment, je ne saurai passer sous silence la présence d’un autographe réalisé au feutre bleu dont l’authenticité reste encore à prouver (malgré la présence d’un COA) .

« Romain, j’ai particulièrement apprécié l’article sur Bess Armstrong en maillot de bain. Pourrais-tu approfondir le sujet?  » Bien évidemment mon jeune ami et saches que tu es loin d’être le seul a souhaiter un complément d’informations. Sois donc heureux de profiter de cette coupure de presse datée du 21 octobre 1982 et parue dans le Lakeland Ledger! Outre les quelques repères chronologiques qui nous permettront plus tard d’établir un planning du tournage du film, l’article se montre surtout interessant pour ses deux photographies particulièrement rares.

La première nous permet de voir Bess Armstrong, Liz Morris, Dan Blasko, Dennis Quaid et Rupert Hitzig en pleine séance d’interviews. La photographie  semble avoir été réalisée pendant l’entrainement intensif de Bess Armstrong (visible dans le making-of) quelques semaines avant le 1er jour de tournage…  Ce qui explique les vêtements de Quaid (à aucun moment habillé de cette façon dans le film) et le look trempé de la sympathique Liz (qui évite soigneusement l’eau du lagon pendant tout le métrage).

Le second cliché saura répondre, quant à lui,  à vos attentes… Pour les curieux qui se demandaient ce que portait sous sa combinaison la merveilleuse Bess, voici la réponse: un maillot de bain rayé du plus bel effet. Autant dire qu’ une séquence la montrant dans une telle tenue aurait à coup sûr apporté un plus indéniable au film de Joe Alves. L’armée de microphones qui s’ érigent à la vue du docteur Morgan nous donnent une fois de plus l’occasion de fantasmer sur l’existence de plusieurs enregistrements de cet entretien. Gardons donc espoir d’en retrouver la trace d’au moins un… Une chose est certaine, nous sommes loin d’en avoir terminé avec ces histoires de maillots de bain.

Le somptueux logo d’ Universal aura connu, depuis son apparition, bon nombre de variations.  Mais une des plus mémorables restera tout de même celle qui ouvre efficacement le film de Joe Alves… Les nombreux experts (ou fétichistes) du globe Universal souligneront immédiatement les nombreuses particularités (absence des ceintures d’astéroïdes, effet relief sur le lettrage ou présence de bande son…) de cette version 3D sans savoir pour autant qu’une partie du travail est à mettre à l’actif de la délicieuse Danielle Versé de PSE (alors responsable de l’équipe chargée des miniatures) en collaboration avec les gens de Van der Veer Photo Effects: « I agreed to make the globe, and was very careful to put all the continents and land masses right where they belonged. But the Universal globe has the land in all the wrong places! » déclarait alors la jeune femme d’ origine belge dans un double numéro de 1983 du magazine Cinefantastique.

Le projet National Lampoon’s Jaws 3 People 0 n’aura finalement survécu que quelques mois… Dès octobre 79, cette détestable farce (longuement soutenue, rappelons-le, par Zanuck et Brown) était mise au placard pour le plus grand bonheur de tous! Mais pour notre requin préféré, cette  décision d’ Universal ne pouvait rimer qu’ avec retraite anticipée… Il faudra donc attendre près d’un an pour que les premiers échos d’un nouveau volet parviennent aux oreilles des fans.

Les documents les plus anciens à propos d’un troisième Jaws datent de l’automne 1980 soit près d’un an et demi avant la sortie en salles aux états-unis de l’ Ultimo Squalo de Castellari et quelques mois avant son exploitation en Italie . Je dis ça pour ceux qui continuent à nous faire croire que le succès de ce succédané est responsable de la mise en chantier d’une seconde suite au film de Spielberg…  Comme on peut le lire sur ces quelques coupures de presse d’ époque, la franchise a été réanimée par la volonté d’un seul homme: le producteur de télévision Alan Landsburg (dont la carrière fera bien évidemment l’objet d’un nouvel article). Sa capacité à s’entourer des meilleurs artisans du monde du spectacle explique en partie la présence de Guerdon Trueblood en tant que scénariste comme l’annonce le journaliste du Los Angeles Times. Une décision prise très tôt qui lance un réel coup d’envoi à presque de 2 années de pré-production.

Le scénariste des Dents de la mer (à gauche sur la photo en compagnie de Joe Alves) fête aujourd’hui son 72ème anniversaire. Un évènement que l’on se devait de traiter comme vous pouviez vous en douter… On ne le répètera jamais assez mais Carl Gottlieb fait vraiment  partie de ces artistes polyvalents capables de démontrer autant de talent derrière que devant la caméra. Son interprétation sans faille de Meadows (le journaliste de la gazette locale d‘Amity) dans le film de Spielberg en atteste. Mais l’homme est surtout reconnu pour la qualité de ses scénarios (en particulier ceux de la sainte trilogie), son livre Jaws Log (considéré comme une authentique bible par le réalisateur Bryan Singer) et l’irrésistible Caveman qu’il réalise en 1981 (sa première collaboration avec Dennis Quaid soit dit en passant).

Au sujet de Jaws 3-D, Carl Gottlieb se montre assez discret. Seul le journaliste Patrick Jankiewicz parviendra à lui faire rompre le silence à l’occasion de son sympathique A Jaws Companion sorti en 2009. Au sujet de l’écriture, Gottlieb avoue: « I tried to make Dennis Quaid, Lea Thompson and Bess Armstrong’s characters believable and fun. I tried to work with the cast and write for them, because by that time, I knew who was gonna be in the movie. That’s luxury for a writer because sometimes you don’t know who’s in the picture. If you know who you’re writing for, it’s easier and more fun. »  Quand la question de la 3D est abordée, Gottlieb se montre moins tendre: « The problem with 3-D scenes is they have to be planned so meticulously in advence that I think Jaws 3-D is a movie that was sunk from it’s planning. They organized the whole pictures around the concept of a theme park because they wanted to control costs and didn’t want to shoot on the open ocean. It made sense as a logistical idea, but it was tough to execute. »

Gottlieb continue:  « They had this idea of an underwater floating control chamber and after all that conceptual work was done, sets were built and the scenes of the shark swimming at the camera had been planned, sketched and storyboarded, so you couldn’t change that. There really wasn’t much you could do, they had all that stuff laid out, it was like: This is what you got’ so you had to write around that. It’s like a Roger Corman movie where he’s got footage of the riot or the plane exploding and four days of footage of Transylvannia and he says ‘Here write a vampire movie around it! » Des  commentaires assez dures qui devraient blesser le fan qui sommeil en nous  mais puisque c’est son anniversaire nous lui pardonnerons absolument tout! Happy Birthday!