Jaws 3D par Romain Néophyte

Spectaculaire, cruelle et improbable… Je veux bien évidemment parler de cette séquence mémorable de Jaws 3D où l’ aventurier Philip FitzRoyce (et accessoirement le spectateur grâce à la magie du relief) est dévoré vivant par la star du film. Une scène qui, en terme d’ impact, rivalise aisément avec les mises à mort de Quint dans le premier Jaws et de la douce Marge dans l’ honorable séquelle de Jeannot Szwarc. Malgré ce que l’ on pourrait imaginer, l’ idée particulièrement originale d’ adopter le point de vue de la victime en plaçant la caméra à l’ intérieur de la bouche du requin ne date  pas de 1982 mais bel et bien de 1974. On en trouve des traces dans des storyboards conçus par Joe Alves illustrant la disparition -un temps souhaité- du personnage de Matt Hooper…Mais revenons un instant sur cette intriguante photographie (issue du jeu de viewmaster) de Simon MacCorkindale confortablement installé derrière plusieurs rangés de dents et attendant sagement d’ être avalé par le monstre. Et bien sachez que ce plan précis ne figure pas dans le film…

Comme on pouvait le suspecter, seule une petite partie du requin était nécessaire pour tourner ces fabuleuses images. Dans le 3ème numéro du fanzine Simon Says, on peut trouver un magnifique cliché N&B de cette fameuse « mouth » pris par l’ envoyée spéciale Tisha Shelden qui en profite pour dévoiler aux lecteurs quelques informations plutôt intéressantes: « After lunch I wandered over to look at the fake sharks. A man tending the « mouth », which is what they call the thing Simon is eaten up in, was sitting there and he offered to take my picture in it as if the shark was eating me. Simon says it’ s great, it undulates when he’ s in it. There are 5 fake sharks in all, each with the hydraulics exposed from a different side; one each for belly shots, top shots, left and right side shots, and « the mouth ».

« The sharks, instead of being quiet ans swift moving, are so noisy that when the order was given to « start the shark », the air compression and hydraulics that move them along on the track, hissed and sputtered and sounded like a locomotive. And they moved « slow as Christmas ». The first few times everyone laughed. A friend on the set who worked in the technical end told me that the ending with Simon and the shark was really gruesome, with Katie (make up) forming blown up « bit and pieces » in spray plastic foam and then sending it awash in fake blood, which stained their wet suits I heard. »  Malgré toutes les précautions prises pour donner de la crédibilité aux séquences se déroulant à l’ intérieur du requin (qui soit dit en passant ne respecte pas la même échelle que la version complète) , deux petits défauts sont visibles à l’ écran.

Sur la première capture d’ écran, on peut très largement distinguer la surface de l’ eau. Ce détail (presque invisible lorsque le film est projeté en 3D)  était déjà une bonne indication quant à la nature du trucage. La seconde photo est tirée de la scène où Mike observe le corps inanimé de Philip. Visiblement, les longues heures passées dans l’ eau auront eu raison du latex recouvrant le matelas pneumatique si on en juge cette déchirure de plusieurs centimètres qui donne l’ étrange impression que le monstre est doté d’ une langue. A effacer numériquement pour l’ édition spéciale en Blu-ray…

Comme vous le savez, l’ indispensable Making-of de Mark Grossan : Sharks don’t die offre un nombre important de scènes coupées et de plans alternatifs. La séquence, par exemple, où Philip et Jack immortalisent Shamu est  plus longue de quelques secondes par rapport à la version finale. Bien qu’ elle soit la preuve irréfutable que le personnage incarné par Simon MacCorkindale ne recule devant rien pour apporter des images saisissantes, elle est surtout l’ occasion pour nous d’ assister à une cascade complètement imprévue… Dans le 3ème numéro du fanzine Simon Says ( à la gloire de l’ acteur anglais) , l’ apprenti journaliste Tisha Shelden revient sur l’ incident:

« Then while some male trainers were working with Shamu, Simon and P.H came out onto the edge of the platform to do the shots of Philip, with rope tied around his waist, filming Shamu and his trainer. This is when Simon’ s unplanned stunt occured (see more mahem, issue #2) . If the rope hadn’ t been around Simon’ s waist, he would have surely fallen in, camera and all. Rupert was elated that they captured that moment on film and told simon: I could never have asked you to do that! We’ ll have to wait and see if it actually shows up in the movie. » Une preuve de plus de l’ investissement de Simon MacCorkindale dans ce Jaws 3D…

« He plays the kid that won’ t go into the water. In the real life, he’ s a terrific water skier. » Ces propos datant de 1982 sont ceux de la mère de John Putch, l’ actrice Jean Stapleton. Depuis, l’ interprète du plus jeune des fils Brody s’ est retrouvé aux génériques de près de 70 films et a assuré la mise en scène d’ une vingtaine de long-métrages et de plusieurs dizaines d’ épisodes de séries TV. Une filmographie déjà impressionnante qui devrait, sans aucun doute, s’ étoffer dans les années à venir… C’ est en tout cas le pire que l’ on puisse souhaiter à ce réalisateur généreux et humainement irréprochable. Pour célébrer comme il se doit ce 49ème anniversaire, je vous offre donc un promo-shot jamais publié de ma scène préféré dans Jaws 3D: le petit déjeuner. Une séquence qui fera certainement l’ objet d’ un nouvel article dans le courant de l’ année…

Et puisqu’ on est dans le matériel promo rare, je vous donne l’ opportunité (pour peu que vous sachiez loucher) d’ apprécier la douce Lea Thompson en bikini et en 3D grâce à cette image provenant d’ un des 3  view-master mis sur le marché en 1983. Une scène qui, à coup sûr, doit rappeler d’ excellents souvenirs à notre ami John Putch.

Bon anniversaire John!

Le 22 juillet 1983, le troisième et dernier volet de la trilogie Jaws faisait son apparition dans 1300 salles du continent nord-américain (dont le célèbre Rivoli Theatre de New-York comme en témoigne cette sublime photographie d’ époque)… Profitant à la fois de la redoutable efficacité de sa campagne promotionnelle et de l’ engouement assez récent du public pour les productions en relief , Jaws 3D détrône immédiatement l’ Episode VI de la première place au box-office et s’ empare par la même occasion du record du plus gros démarrage d’ un film Universal… Pour fêter dignement le 27ème anniversaire de la sortie en salles du chef d’ oeuvre de Joe Alves, le producteur Rupert Hitzig et le réalisateur John Putch ont accepté de revenir un court instant sur cette expérience inoubliable… Une occasion pour eux de saluer les fans du monde entier…

Déjà connu des amateurs de cinéma fantastique pour son travail sur l’ inquiétant Wolfen , Rupert Hitzig a définitivement marqué l’ histoire du cinéma en acceptant le fauteuil de producteur et de réalisateur de la seconde équipe sur le tournage des Dents de la mer 3. Cet ancien diplômé d’ Harvard aura, de par ses choix artistiques et logistiques, permis à notre film préféré de conserver pendant plus de 20 ans le titre honorifique du « film 3D ayant engendré le plus de recettes… »

Rupert Hitzig: »Making Jaws 3-D was a challenge. We were not sure when we began whether the 3D system (over and under) was going to work. We also had a short time to create the script, the shark, the shooting tank at Sea World, and to get the dolphins to live happily in the fresh water we had to use. It was tough, but very satisfying. There was no CGI as we now know it, and we had to composite on videotape, and then go back to film. Hope that you continue to enjoy. »

Même s’ il est désormais un réalisateur chevronné à l’ emploi du temps chargé (Cougar Town, Ugly Betty, American Pie VII …), John Putch n’ hésite jamais, quant à lui, à revenir sur son début de carrière prometteur et plus particulièrement sur sa performance en tant que  Sean Brody dans le troisième opus de Jaws:

John Putch: On July 22nd 2010 marks the 27 year anniversary of the release of JAWS 3D. Even though it was a lifetime ago, I still am in touch with many of the cast and crew from that film. And with that relationship comes a lot of laughs and smiles about what went on down in Orlando Florida in the fall of 1982. As I continue to uncover more gems from that time, I will do my best to forward them to Romain to put up on www.jaws-3d.com.

I wish the fans and friends of the best Jaws 3D website (www.jaws-3d.com) a happy 27th.

John Putch

Toujours aussi généreux avec les fans de requins mécaniques, John nous a même fait parvenir un accessoire directement issu de sa collection privée qui devrait satisfaire l’ immense majorité d’ entre vous! Un geste que nous saluons ici et qui confirme les grandes qualités humaines du réalisateur de l’ apocalyptique Tycus (avec le regretté Dennis Hopper).

« Romain,

This is a crew tag from the shooting of Jaws 3D. It allowed us access onto the Sea World property through an employee gate on the back side of the park. While we were at Sea World Orlando, we could use this to walk freely in and out of any building. I remember that Rupert Hitzig had number one. There were hundreds of these issued. I have not seen one other than mine over the years. Even on the internet. A gem for your fans. It used to have a snap on clip. Thought this would be of interest to the fans. » John Putch

Quant à moi, je vous offre en complément d’ informations cette photographie assez rare de James Contner, en compagnie de Joe Alves, portant autour du cou le précieux sésame. Ce cliché est paru dans le pressbook japonais de 1984. J’ en profite aussi pour vous remercier de votre fidélité, de vos efforts (la traduction anglaise est toujours aussi énigmatique) et de votre courage. Je tiens aussi à rendre hommage aux centaines de personnes ayant oeuvré sur ce Jaws 3D qui 27 ans après continue de nous faire rêver… Happy Birthday!!!

Terminons enfin notre petit dossier sur le réservoir Jaws 3D avec ces trois magnifiques photographies qui mettent avant tout  l’ accent sur ses impressionnantes dimensions… Le cliché sur notre gauche est tiré de la collection personnelle d’ Erik Hollander, désormais connu pour le documentaire- toujours inédit à l’ heure où l’ on parle- The Shark is still working. Il nous offre l’ occasion de profiter de l’ intérieur du bassin avant que ce dernier ne soit rempli. Une image plutôt familière pour les fans puisqu’ elle apparait aussi dans l’ indispensable making-of Sharks don’t die de Mark Grossan.

Déjà entraperçu lors d’ un précédent article sur le Tribute magazine de l’ été 1983, ce document est, à ma connaissance, la seule photographie aérienne publiée dans la presse. Elle permet avant tout de profiter du superbe cadre et de l’ immensité du chantier… Rien de plus à souligner si ce n’ est la présence de panneaux solaires et d’ une grue… C’ est maigre mais il faut bien que je remplisse cette page!

Parue uniquement dans le numéro spécial été 1983 du magazine Cinéfantastique (dont je parlerai certainement bientôt), cette image en noir et blanc ne devrait pas déchainer les passions outre mesure. Un seul détail est à noter: la présence de hublots placés à des hauteurs différentes pour le besoin du tournage… Des hublots malheureusement visibles dans la plupart des scènes mettant en scène les dauphins et dans la séquence où Mike Brody répare la section endommagée de l’ Undersea Kingdom. A effacer numériquement pour le prochain Blu ray…

En consultant The Book of Useless Information de Noel Botham (daté de 2006), vous aurez la chance d’ apprendre que le vilain E.T de l’ ami Spielberg fait une apparition à l’ écran dans nos Dents de la mer 3.

« In the 1983 film Jaws 3D, the shark blows up. Some of the shark guts were stuffed E.T dolls being sold at the time. »

Un easter-egg dont peu de fans de Jaws et d’ E.T semblent être au courant… Pourtant, en jouant de la télécommande, on peut distinguer assez facilement la silhouette si particulière du « bébé » de Carlo Rambaldi qui apparait pas moins de deux fois lors de cette séquence.

Plus perturbant est la présence, parmi les bouts de cartilages et autres organes, de deux horribles excroissances aux formes phalliques dont la décence m’ interdit d’ en diffuser la moindre photographie… Prions ensemble pour qu’ il soit question de l’ index d’ ET et pas du membre malade d’ un technicien de PSE. En tout cas, en terme  de subversion, on est pas très loin de l’ oeuvre de  Tyler Durden dans Fight Club! On termine en rappelant que des représentants de la planète d’ origine d’ E.T apparaissent au sénat de Coruscant dans l’ indispensable Episode I de Star Wars. C’ est toujours plus glorieux qu’ au fond de l’ estomac d’ un grand blanc.

L’ un des rares problèmes concernant le réservoir Jaws 3D a longuement été abordé dans les notes de productions (disponibles sur l’ensemble des dossiers de presse) par le réalisateur de la seconde équipe et producteur Rupert Hitzig : « It was when we brought in our first so-called experts that we made our first mistake. A firm specializing in filtration systems sold us three high-powered stainless steel pumps that couldn’ t filter my bathtub. You couldn’ t see your hand in front of your face.  » Particulièrement gênant pour des prises de vues sous-marines.

Déjà profondément atteints par les difficultés inhérentes à l’ utilisation du relief, Joe Alves et ses hommes se voient donc contraints d’ attendre une intervention divine  » At the eleventh hour, there was a miracle. A company in the area heard about our problem and called to say that they had a set of filters we could use free of charge. The sophisticated filters had been a disaster, but the simple system worked beautifully. No one has yet figured out why. » … Le tournage dans le shSHSHARK TANK débute donc au mois d’ octobre 82 sans le moindre retard sur le planning et après seulement 6 semaines de travaux.

En dehors d’ une bâche recouvrant le réservoir emportée par une tempête, tout se passe sans le moindre ennui. Il faut admettre que l’environnement crée spécialement pour l’occasion offre des conditions de travail excellentes: « The lighting problem was helped a great deal by the fact we were so well set up. We had a video tap built into the housing for the 3D camera. So Roy Arbogast and I would sit outside of the tank and watch through a port and through a video monitor that would show us exactly what the camera was getting. We also had an underwater speaker system that allowed me to communicate with the underwater crew. » déclare Joe Alves au magazine Fangoria. La présence d’ un sas parfaitement étanche permet même aux acteurs et techniciens de lui répondre de façon claire et distincte. On est bien  loin du tournage commando en pleine mer des deux premiers volets.

Cette magnifique photographie, qui nous vient directement de l’office du tourisme de l’ état de Floride, est un document tout simplement historique puisqu’ il est un des rares à montrer le début des travaux concernant le réservoir où la plupart des scènes sous-marines des Dents de la mer 3 ont été filmées. Grâce au savoir-faire de l’entreprise Solar Electric Systems basée à St Pete, Florida (mentionnée sur la pancarte)  l’ eau atteignait pendant le tournage la température confortable de trente degrés (76° pour nos amis ricains) rendant bien évidemment plus facile le travail des acteurs et des techniciens. Rien à voir donc avec l’eau glaciale dans laquelle les responsables des deux premiers Jaws devaient barboter…

Le second cliché (toujours issu des archives  de l’office du tourisme) nous permet, quant à lui, de satisfaire notre curiosité en se focalisant sur l’un des nombreux  échafaudages encerclant le shSHSHARK TANK. D ‘une hauteur avoisinant les 12 mètres, ces gigantesques constructions permettaient, entre autre, d’accéder aux cinq énormes cabines étanches en verre trempé (résistant bien évidemment à de très fortes pressions)  placées à différentes profondeurs pour le besoin du film. De nombreuses images de cette formidable installation sont visibles sur le making-of de Jaws 3-D: l’ indispensable Sharks don’t die comme vous pourrez le voir en cliquant ici.

… et nous n’avons pas eu l’occasion de lui souhaiter un joyeux anniversaire le 31 mai dernier. La faute à ce déménagement et ces tonnes de cartons remplis de matériel promotionnel à la gloire des Dents de la mer 3. Profitons donc de cette occasion raté pour ressortir de nos tiroirs ce magnifique portrait de la délicieuse Kelly Ann Bukowski (dans une tenue qu’elle ne porte à aucun moment du film). Si ce cliché vous semble étrangement familier, c’est pour la simple et bonne raison qu’il est presque identique à celui utilisé pour illustrer la trading-card #7 de Topps. En tout cas, ce genre de photographie nous permet de confirmer que l’ancienne petite amie de Dennis Quaid (et accessoirement celle d’ Howard the Duck) vieillit particulièrement bien puisqu’elle est encore plus attirante aujourd’hui qu’en 1982! Terminons ce petit article par le traditionnel Happy Birthday (un peu tardif, j’en conviens) qui, souhaitons-le, sera entendu jusqu’à Los Angeles.  Une chose est sûre, nous n’oublierons pas ton 50ème, Lea.

Non, il n’est définitivement pas question de revenir sur l’ importance du téléphone dans Jaws 3d! Aujourd’hui, célèbrons le 74ème anniversaire de l’acteur oscarisé Louis Gossett Jr, inoubliable  Calvin Bouchard dans nos Dents de la mer 3. Né à Brooklyn le 27 mai 1936, Louis Gossett Jr fait partie des rares acteurs noirs de sa génération a ne pas avoir été cantonné dans des rôles de policiers. Il est même l’un de ceux qui se sera montré le plus radical dans la lutte contre le racisme comme en témoigne son travail accompli avec la fondation Eracism. Par contre, celui accompli sur le tournage de Jaws 3D ne semble pas lui tenir spécialement à coeur si on s’en réfère à ses quelques propos tenus dans la presse à l’époque de la sortie du film. Ce qui ne l’empèche pas de se retrouver au poste de narrateur pour le making-of  Sharks don’t die diffusé à la télévision américaine en juillet 83… Depuis quelques mois, Louis Gossett Jr se bat contre un cancer de la prostate. S’ il ne s’est pas fait dévoré par le requin lors de l’attaque de la control room  (« He didn’t like soul food » déclarait-il en mai 83) , il n’y a aucune raison pour qu’un petit crabe finisse par avoir sa peau. En tout cas, c’est tout ce qu’on lui souhaite pour son 74ème anniversaire! Bon Anniversaire Lou.