Warning: Intense scenes of overwhelming suspens require parental discretion.
Qu’ on le veuille ou non, L’ Ultimo Squalo (A.K.A Great White) est étroitement lié au troisième volet de Jaws… Mais depuis une vingtaine d’ années, beaucoup de bêtises ont été écrites à propos de la prétendue influence de Enzo G. Castellari sur le film de Joe Alves. Nous allons donc tenter de rétablir la vérité (en tout cas, celle qui nous arrange le plus) et ainsi tordre le cou aux nombreuses rumeurs lancées par les pro-Tarantino… L’ Ultimo Squalo est officiellement né d’ une rencontre à New York en février 1979 entre le producteur Dr Ugo Tucci et l’ océanographe/ écrivain Ramon Bravo (à qui on doit la nouvelle Tintora adaptée à l’ écran par René Cardona Jr en 1977) soit quelques semaines avant le lancement de la pré-production de Jaws 3 People 0. Rapidement, Tucci achète des stock-shots du National Geographic filmés en Australie puis engage le scénariste Vincenzo Mannino (La casa sperduta nel parco de Ruggero Deodato) et le célèbre réalisateur transalpin Enzo G. Castellari pour le compte de sa compagnie Film Ventures International.
Bien que filmé l’ année suivante en Italie sur la mer Tyrrhénienne (dans la région de la Toscane et de la Campanie), à Malte et en Amérique (Savannah, Georgie), Great White ne sort dans les salles italiennes que le 2 avril 1981 (6 mois après qu’ Alan Landsburg ait lancé le projet Jaws ’81). Comme chacun sait, L’ Ultimo Squalo emploi des acteurs internationaux de renommés tels James Franciscus et Vic Morrow mais malgré ces noms prestigieux, le film est incapable d’ atteindre les scores élevés de Jaws 2 (565 000 spectateurs pour la séquelle de Szwarc sorti deux ans plus tôt). Rien de bien grave cependant puisque l’ exploitation à l’ étranger devrait permettre d’ accumuler plusieurs millions de dollars. Surtout que le distributeur a décidé de rebaptiser le film The last Jaws- Der Weisse Killer en Allemagne et Tiburon 3 en Espagne dans le but d’ entretenir la confusion auprès des malheureux spectateurs (surtout que le 3 qui orne la planche à voile de l’ affiche n’ est pas si anodin).
Le 5 mars 1982, Great White est distribué à Los Angeles accompagné d’ un visuel bien moins ambigu mais servi par une campagne de pub efficace de plusieurs millions (aquariums avec des requins vivants décorant certains cinémas…). A cette époque, Jaws 3D est encore au stade de la pré-production -bien que Joe Alves et Richard Matheson soient déjà engagés depuis près de 5 mois- mais rien ne semble empêcher les fans de requins d’ envahir les salles obscures! 2,200,000 $ en seulement 3 jours… Inutile de préciser que les pontes d’ Universal sont sévèrement ébranlés à la vue des premiers résultats. Surtout que la firme s’ est déjà lancée dans des procédures judiciaires contre le producteur. Mais avant de pouvoir stopper l’ hémorragie, L’ Ultimo Squalo aura rapporté, selon Ugo Tucci, près de 35 millions de dollars sur le territoire américain (un chiffre ramené à 16 par Castellari lui-même) en trois semaines… Ce qui, entre nous, parait un peu exagéré. Universal réussira, quoi qu’ il en soit, à empêcher l’ exploitation de ce Rip-off en Australie et en Angleterre. Il faut dire que la ressemblance entre Great White et les deux premiers Jaws est plus qu’ évidente… Mais qu’ en est-il des similitudes entre ce sympathique long-métrage italien et notre Jaws 3D adoré?
La combinaison de plongée rouge de James Franciscus est la première chose qui pourrait conforter nos adversaires dans la thèse du plagiat. Pourtant cette dernière apparaissait déjà dans le précédent Jaws lors de la scène de la pêche à l’ écrevisse (portée par un des moniteurs) et dans un des nombreux documentaires de Ron & Valérie Taylor (le National Geographic’ s Sharks de 1982) . Autant dire que le rouge était particulièrement à la mode fin 70s début 80s… Preuve irrecevable donc devant un tribunal!
Mémorable et d’ une importance capitale dans le film de Enzo G. Castellari, la scène du ponton arraché se retrouve elle aussi dans le troisième volet des Dents de la mer ce qui fit dire au réalisateur transalpin: « In JAWS 3, there are several scenes that are exactly mine which I did two years before. They stopped my English market but they copy, really, especially the big scene on the pier. It’s exactly the same, even the shots! » . Dans une interview donnée en 2007, le même Castellari s’ emmêlait les pinceaux à propos de ces vagues ressemblances: « In fact, Jaws 3-D did copy several scenes from my film, like the « windsurf attack scene ». At least I have this satisfaction: the Americans had copied me« .Une chose est sûre, cette séquence ne figurait pas dans les plus anciennes versions du script de Matheson. Au bénéfice du doute…
Les fins de L’ Ultimo Squalo et Jaws 3D sont assez proches puisque dans les deux cas, c’ est un cadavre qui, indirectement, vient à bout du requin. Une bombe accrochée sur le torse d’ un plongeur activée à distance par le héros dans l’ ersatz italien et une grenade solidement tenue dans la main d’ une victime dégoupillée par un tiers (en l’ occurrence le fils Brody) dans le blockuster de 1983… Là, encore, on peut déceler quelques points communs… Avant d’ admettre qu’ Universal ait pu voler deux trois idées aux européens, j’ ai demandé à Joe Alves s’ il se souvenait de la polémique liée à la sortie du film aux états-unis et s’ il avait eu l’ opportunité de le voir: « No to both questions » m’ a-t-il rapidement répondu!
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