Jaws 3D par Romain Néophyte

Une infime partie d’ entre vous se sentiront soulagés d’ apprendre que cette horreur jaunâtre marque la fin de notre dossier entièrement consacré à la collection Topps. Passons rapidement sous silence le recto de cette 44ème trading-card et profitons de l’ espace laissé vacant pour dévoiler un des secrets entourant cette série Jaws 3D. Dans une interview parue en 2002 et menée par Matthew Stock, l’ illustrateur Mark Newgarden revient sur son implication au sein de la firme Topps et plus particulièrement sur son expérience concernant nos Dents de la mer adorées: « My very first assignment was on Jaws 3-D. This would have been more like 1982 or so. I remember Art called me up and told me they needed an series of 44 card backs over the weekend, first thing Monday morning, because they can’t get studio approval on the story line captions, or something like that. »

« They needed a backup « plan B » quick. So I wrote a series of « Funny Facts about Fish », just generic information about deep sea fish, which basically just involved going to the library and doing simple research. That was the first job I did for Topps. They never got used, I guess Topps ironed out whatever the temporary issue was with the studio. Some time later I was asked to come in on some of the various creative projects that were brewing there. » Terminons enfin avec le synopsis imprimé au verso qui ne ressemble que très vaguement au film que l’ on connait. Une preuve de plus des nombreuses modifications que Jaws 3D aura subit.

Baby Bruce… A peine âgé de quelques heures et déjà une bête assoiffée de sang! 3 mètres (10 feets) de terreur, aux dents aiguisées comme des lames de rasoirs et déjà capable d’ atteindre la vitesse vertigineuse de 60km/H (à en croire la scène où il attaque Mike et Kathryn)… Une merveilleuse machine à tuer dont la durée de vie en captivité frise le ridicule soit dit en passant. Quoi qu’ il en soit, Topps nous offre une fois de plus l’ occasion de profiter d’ un cliché particulièrement excitant déjà aperçu dans les dossiers de presse US et japonais. 

On regrettera cependant le texte qui, en dehors du faît qu’ il dévoile sans scrupule la fin du film, n’ a aucun rapport avec l’ illustration… Visiblement, une sale habitude chez les gens de la compagnie Topps. Sachez qu’ il existe plusieurs images de Baby Bruce lors de la scène dite de la capture nocturne dont certaines ne figurent pas dans le long-métrage de Joe Alves. Vous aurez la chance de les découvrir (pour la plupart d’ entre vous) dès la rentrée.

Avec ou sans lunettes anaglyphes, nulle trace d’ E.T au verso. Deux ou trois dents, de la chair, du sang et quelques morceaux de Philip FitzRoyce tout au mieux… En tout cas, heureusement que nos deux héros ont pris soin de se mettre rapidement à l’ abri car avec la déflagration d’ une grenade sous l’ eau, on aurait largement pu les ajouter à la liste des victimes du grand requin blanc…

« Romain, je trouve que ce mois de juin a été particulièrement pauvre en terme de mises à jour. Et j’ai bien peur qu’ un tel ralentissement puisse être annonciateur d’ une fin soudaine et brutale de cet excellent site. Pourrais-tu me rassurer ? » Juin a effectivement été catastrophique. La faute à Ribery, Evra et bien évidemment cette chaleur infernal qui rend mon travail nettement plus compliqué. Autant dire qu’ à l’ instar de la magnifique Bess Armstrong qui illustre cette nouvelle trading-card, je me verrai bien en train de barboter dans les eaux chaudes d’ un petit lagon mais revenons plutôt à notre sujet. Contrairement à ce qu’ affirme le texte de présentation, cette photographie promotionnelle a été prise lors du tournage de la scène de la capture nocturne soit le seul moment du film où le docteur Morgan porte sa combinaison en cote de maille.

Soulignons que cet accessoire a été conceptualisé en 1979 par le couple Ron et Valérie Taylor, célèbre pour leurs nombreux films consacrés aux requins et leur participation à Jaws premier du nom. Si vous souhaitez en savoir plus sur cette tenue à l’influence médiévale particulièrement prononcée (dont la fabrication avait coûtée 2000 dollars à l’ époque), je ne peux que vous inviter à visionner leur court métrage en 16mm Operation Shark Bite (1982) dont plusieurs minutes sont visibles dans le making-of Sharks don’t die (qui, rappelons-le, nous montre Bess Armstrong en plein essayage).

Le verso de cette nouvelle carte contient un visuel anaglyphe de la scène de destruction de la salle de contrôle assez proche de ce qu’ on a la chance de voir dans le film de Joe Alves. Reconnaissons tout de même que ce dernier se montre plus frileux que les illustrateurs de Topps sur les explosions et autres effets pyrotechniques… Terminons enfin avec la présence plutôt curieuse d’ un Mike Brody au centre, légèrement vêtu d’ une chemisette alors qu’ il devrait porter une combinaison de plongée… Dans cet état, on se demande bien comment il va pouvoir tenir pendant toute la séquence finale…

Avec cette 41ème trading-card Jaws 3D, je vous invite à aborder le cas d’ Ethel (une des techniciennes de la salle de contrôle) magistralement interprété par la trop rare  Lisa Maurer . Avant de revêtir sa plus belle chemisette, Lisa s’ était déjà illustrée en tant que chef des Lizzies dans l’ inoubliable Warriors de Walter Hill (coiffée d’ une coupe afro à rendre jaloux la Pam Grier de la grande époque). Puis c’est dans le Hollywood Vice Squad de la très Punk Penelope Spheeris qu’ on la retrouve en 1986 dans le rôle d’ une jeune prostitué. Changement de registre, donc, avec cette Ethel (à en croire le générique) disciplinée, polie, imperturbable et appréciée de tous. Sauf que le fils Brody (et accessoirement Dennis Quaid) ne semble pas avoir été mis au courant du prénom de cette petite brune qu’ il rebaptise carrément lors de la scène finale:

Kathryn « The others… where are the others ?  »

Mike « Calvin made it! Lisa !  »

Alors, Lisa Ethel ou simple blooper ? Je vous laisse tirer vos propres conclusions…

Alors que le climax du film est unanimement considéré comme techniquement raté, saluons la performance des illustrateurs de la compagnie Topps qui se paient le luxe de faire presque aussi bien que les sociétés PSE et Praxis responsables des effets spéciaux sur le classique de Joe Alves avec à peine un feutre et deux pinceaux… A l’instar de son homologue sur grand écran, ce Bruce from Topps se montre particulièrement rigide au point de ressembler plus à une torpille qu’ à un requin blanc adulte.  Soulignons aussi  la présence au premier plan d’ un Calvin Bouchard étonnamment blanc bien loin de celui qu’ on apercevait au verso de la vignette #37. Une preuve de plus de l’absence de cohérence entre ces petits chef d’oeuvres stéréoscopiques.

Le narrateur du making-of Sharks don’t die une nouvelle fois à l’honneur avec cette énième trading-card du géant américain Topps. Aussi étrange que cela puisse paraitre, c’est pour nous l’ occasion de souligner l’importance du téléphone dans la vie de l’entrepreneur Calvin Bouchard… Dans Jaws 3-D, Louis Gossett Jr (alors âgé de 46 ans) passe pas moins de trois coups de fil: le 1er au domicile de Mike Brody pour lui annoncer un changement d’ emploi du temps et le second ( le jour de l’ inauguration à la Neptune Room), pour régler des questions d’ordres techniques à propos d’ une pompe à filtration défectueuse. Quant à son dernier appel téléphonique (celui qui illustre cette carte à collectionner) , il est donné,  lors de l’avant dernière bobine pour annoncer au reste du staff la fin des festivités… Pour info, cette photographie se retrouve étonnamment au verso de la plupart des VHS sorties aux quatres coins du globe. 

Chaussez vos lunettes et admirez le courage de ces magnifiques dauphins cherchant à divertir le plus célèbre des squales pendant que Mike et Kathryn rejoignent le sas de la salle de contrôle… A moins qu’il soit plutôt question de Baby Bruce peu après le Spanish Galleon incident si on s’en réfère à la petite taille du requin illustré sur cette vignette. Quoi qu’il en soit, il est bon de rappeler aux plus sceptiques d’entre nous  la rigueur scientifique dont peut faire preuve Jaws 3D  lors des séquences mettant en scène nos amis dauphins (cf. l’attaque systématiques des branchies).

Séquence émotion avec cette trading-card qui met à l’honneur Jack Tate, le personnage interprété par le talentueux P.H Moriarty. Une scène qui pourrait faire fonctionner à plein régime les glandes lacrymales des plus endurcis d’entre nous tant les cris de desespoir du partenaire de Philip FitzRoyce sont d’une crédibilité à toute épreuve! Tout aussi crédible est le décor de cette funeste pompe à filtration réalisé en studio comme en témoigne les images du making-of Sharks don’t die dont il faudra bien parler un jour… Une des particularités de ce cliché promotionnel est de nous montrer Jack dans une tenue particulièrement sexy qu’il ne porte malheureusement à aucun moment dans le chef d’oeuvre de Joe Alves… En effet, lors de la scène dite de la pleurniche, les bras musclés de Moriarty sont dissimulés sous son étroite combinaison de plongée. Autant dire que sans l’aide d’un de nos plus fidèles lecteurs (l’ami Quint), ce détail serait passé complètement inaperçu… Sachez aussi qu’une autre photo issue de cette session a été imprimée dans le photobook US.

Suite directe à la précédente image 3D de cette collection, « swallowed by the beast » nous montre un squale rassasié au milieu des restes de notre jacques-Yves  Cousteau Anglais. Un repas qui pourrait faire figure de Cène pour ce grand blanc qui, à priori, ne se doute absolument pas du potentiel explosif d’une telle nourriture pour son organisme! Pull the pin, Philip!

Ce document est tout simplement historique! Pour le plus grand plaisir de tous, je vous offre l’ occasion de découvrir l’un des plus vieux outils promotionnels consacrés à Jaws 3D. Parallèlement au lancement du Teaser/trailer le jour du labor day, Universal a mis à disposition des exploitants américains une brochure grand format cartonné  aux couleurs du film et ceci bien avant que le premier coup de manivelle ait été donné. Sans casting ni scénario définitif (mais avec une période de sortie déjà bien établie), la firme ne peut, pour des raisons évidentes, que communiquer sur de rares aspects du projet comme l’emploi de la 3D  … Universal se voit donc contraint de jouer la carte du suspense comme en témoigne cette accroche intrigante qui nous annonce un été 1983 encore plus chaud!!!

Malgré une mise en page radicalement différente des deux modèles qui suivront, cette brochure nous permet tout de même de retrouver notre Bruce pique à glace qui avait fait forte impression lors d’un précédent article! Rappelons aux plus étourdis d’entre vous que ce pop-up pourrait sans problème être considéré comme une arme blanche tant le museau de notre squale est pointu… Autant dire que ce troisième Jaws sera tout sauf inoffensif…

Je sais que plusieurs visiteurs réguliers du site commencent à se lasser des articles sur les trading-cards de Topps. Que ces jeunes gens se rassurent puisque nous nous dirigeons tout doucement vers la fin. La grande question reste quand même de savoir comment vais-je être capable vous maintenir éveillé sans leur aide … En attendant, voici une bien belle photographie à la gloire de l’ impressionnant aileron de notre monstre marin sous le soleil caniculaire de Floride. Un cliché aussi spectaculaire (et je pèse mes mots) ne pouvait bien évidemment pas rester dans les tiroirs de MCA. Il ne faut donc pas s’étonner que cette petite merveille ait été imprimée sur les lobby cards espagnoles de Tiburon 3a Parte, au dos du laserdisc anglais ou encore en couverture de l’ American Cinematographer de juillet 1983.

Depuis ma plus tendre enfance, à chaque vision des Dents de la mer 3, je prie pour que la corde attachée à l’ échelle de la pompe à filtration ne cède pas sous le poids de Phillip Fitz Royce. C’est idiot mais je ne peux pas m’en empêcher. En tout cas, nulle trace de cette satanée corde sur cette illustration 3D qui nous montre le 16ème comte d’ Haddonfield quelques secondes avant qu’il ne soit aspiré par le puissant prédateur. Et autant dire que même sous la forme d’un dessin cette scène reste particulièrement terrifiante…

Particulièrement généreux, Topps nous permet aujourd’hui de profiter des jolies cuisses de 8 skieuses nautiques en pleine performance. Des cuisses qui ne demandent qu’à être croqué par le terrifiant squale qui pollue les eaux du lagon… Quoi qu’il en soit, ces  innocentes demoiselles(comme le précise la description de la trading-card) ont été réellement des employées du Sea World d’ Orlando au début des années 80. Parmis elles, on retrouve Debbie Connoyer (alors âgée de 29 ans) créditée en tant que Screaming Skier dont le fils a battu en octobre 1986 le record du plus jeune skieur nautique au monde. En effet, Sky Connoyer Jr a chaussé sa première paire de ski et affronté la mer à l’ âge d’ à peine 6 mois et 2 jours! Nous y reviendrons…

Calvin Bouchard (magistralement interprété par Louis Gossett Jr. ) échappe à une mort certaine en empruntant un escalier qui (d’après ce qu’on peut voir dans le film) ne mène nulle part! Encore une de ces illustrations 3D en free style de la part de nos amis de Topps qui ne manquera pas de faire sourire l’ habitué des lieux. Surtout que dans le long-métrage de Joe Alves, le responsable de l’ Undersea Kingdom (dans un excès d’ héroïsme) porte main forte à Lisa prouvant à quel point il est l’ homme de toutes les situations. Rien à voir donc avec ce lâche en costume 3 pièces peu ou pas concerné par les cris désespérés  de la jeune femme à ses côtés…

J’aurais tellement envie de vous offrir davantage que cette ignoble trading-card… Et pourtant, ce n’est pas faute d’ essayer! Je ne veux bien évidemment rien dévoiler mais si les principaux intéressés trouvent le temps de répondre à mes questions vous aurez bientôt la chance de consulter deux interviews complètement  inédites de deux personnalités liées étroitement aux Dents de la mer 3. En attendant, profitez de cette vilaine photographie qui semble mettre en scène quelques plongeurs anonymes réparant un des tunnels de l’ Undersea Kingdom même si tout porte à croire qu’ il s’agisse avant tout d’un des rares clichés behind-the-scene mis à disposition du public par Universal.

Retour à la surface! Cette illustration 3D nous refait le coup de l’ hélicoptère venu de nulle part pour secourir des visiteurs apeurés en bonnet de bain. Rappelons cependant aux plus étourdis d’entre nous que ce genre de couvre-chef est totalement absent du long métrage produit par Rupert Hitzig. Encore une de ces innombrables mauvaises idées tout droit sortis de l’ imagination fertile des artistes de la compagnie Topps… On ne s’en lasse pas!