Jaws 3D par Romain Néophyte

Jérome Wybon du site Forgotten Silver (et accessoirement journaliste pour le magazine Mad Movies) n’est pas toujours très tendre avec les Dents de la mer 3. Pourtant, le jeune homme participe, malgré lui, à cette formidable campagne de réhabilitation que je mène depuis déjà quelques mois en me faisant parvenir régulièrement des tonnes de documents consacrés à notre film préféré… Cet exemplaire d’un  Fangoria paru en septembre 2004 nous a donc une fois de plus  été généreusement offert par notre sympathique donateur. Au sommaire de ce numéro 236, 7 pages entièrement dédiées à la gloire des films de requins. Un tel dossier ne pouvait bien évidemment pas faire l’impasse sur le troisième chapitre de la « trilogie » Jaws. Ni sur le projet avorté du National lampoon, l’ignoble  Jaws 3 people 0. A ce sujet, le réalisateur Joe dante déclare: « After Piranha, I got a lot of offers for movies about aquatic monsters- sea turtles, alligators, killer whales. One of them was Jaws 3 people 0, a National Lampoon production for Universal co-written by John Hughes, who went on to become a big hit-maker for a while. It would have been my first studio movie, and there were more sharks in the pool than I imagined when I took it on. »

« The original Jaws producers, Zanuck and Brown, were at loggerheads with Matty Simmons of the Lampoon- They wanted a G-rated comedy, he wanted a R-rated one. In the first scene, Peter Benchley is eaten by a shark in his own swimming pool. Bo Derek was hired to star in his first movie after her debut in 10, and a whole bunch of veteran comics actors like Jonathan Winters, Hans Conreid, Mel Brooks, Mickey Rooney were on tap as well. But the whole thing fell apart because the producers couldn’t agree on what picture to make. I went on to do The Howling, and Jaws 3 ended up as Jaws 3-D a few years later. » En ce qui concerne le film de Joe Alves, Fangoria se montre plutôt dur soulignant entre autre la pauvreté des effets speciaux optiques et les similitudes avec le Keiju-Ega Gorgo. Mais le plus interessant reste cette somptueuse photographie d’ une miniature de Bruce que les plus vieux d’entre vous se souviennent avoir vu dans le numéro spécial 3-D de l’ été 83 du magazine Cinefantastique (et sur jaws-3d.com bien sûr)… Un régal pour les yeux.

Ces extraits de journaux locaux datés du 4 septembre 1982 nous offrent une occasion unique de revenir sur le travail des figurants dans ce troisième Jaws. Qu’ ils soient confortablement installés dans les tribunes du Shamu Stadium ou déambulant dans les tunnels de l’ Undersea Kingdom, ces apprentis acteurs apportent toute la crédibilité souhaitée à cet environnement si particulier. Et pour donner vie à ce parc maritime, Universal n’a donc pas lésiné sur les moyens… D’ après ce qu’on peut lire, il a été prévu d’embaucher entre 3000 et 4000 extras de tout âge dont près d’une vingtaine pour des rôles parlants (la plupart d’entre eux furent néanmoins coupés au montage) .

Comme semble le préciser Robin Boehme, alors attachée de presse de Shari Rhodes (célèbre directrice de casting malheureusement décédé le 20 décembre 2009), l’ immense majorité de ces figurants participèrent avant tout au tournage de la scène où les skieuses nautiques sont attaquées par le requin… Le Atlantis Bayside Stadium pouvant accueillir près de 6500 personnes, on tient là une explication satisfaisante quant aux sieges désespérément vides entraperçus sur la photographie illustrant la trading-card #28. Terminons avec cette promesse d’ Universal de donner à certains des extras l’occasion de se faire dévorer par la star du film. Comme on le sait désormais, une telle scène est complètement absente de Jaws 3D mais la multiplication de références à ce sujet me porte à croire qu’il fût question à un moment de la pré-production du film de sacrifier quelques touristes pour le plus grand plaisir des fans. Une exellente idée dont nous ferons, à coup sûr, toute la lumière dans les années à venir…

Cet extrait d’un journal datant du 16 septembre 1981 est particulièrement troublant pour le fan que je suis. Comme vous pouvez le lire, il laisse sous-entendre qu’ au tout début de la pré-production  il aurait été question de donner à ce troisième volet le nom de JAWS 1982. Un titre tout à fait dans l’esprit des films catastrophes (Airport et ses suites) qui inondaient alors les salles obscures. Un genre cinématographique auquel notre Jaws 3D emprunte beaucoup soit dit en passant… On peut aussi y lire que le réalisateur Mel Stuart (The White lions ou encore The Triangle Factory Fire Scandal) a, un temps, été mélé au projet. Cet artisan, né en 1928 à New York, a consacré la majeure partie de sa carrière pour la télévision dont plusieurs années au service d’ Alan Landsburg Productions… Il aurait donc pu tout à fait être l’homme de la situation si l’occasion s’était présentée. En effet, dans l’ espoir de faire toute la lumière sur l’affaire, j’ai pris soin de contacter Mel Stuart par l’intermédiaire de sa société. Sa réponse a été rapide: « It’s not me« .

Beaucoup de citoyens américains se souviennent des guides HBO (Home Box Office) que les abonnés à la chaine payante recevaient  tous les mois dans leurs boites aux lettres. Ces magazines (aux formats très pratiques) offraient aux lecteurs de superbes photographies couleurs des programmes à venir… Près d’un an après sa sortie en salles, Jaws 3 revient donc sur le devant de la scène avec ce numéro de juillet 84 à l’occasion d’ un premier passage TV événementiel. Le film de Joe Alves se voit donc consacrer une demi page composée d’ un résumé, d’un cliché abusivement recadré et d’un bout du requin tiré de l’affiche du film. Certainement pas la plus belle composition qu’on ait eu l’occasion de voir mais qui s’en plaindra?

Le second guide HBO CINEMAX se focalise comme son nom l’indique sur la programmation des deux chaines payantes et se montre plus généreux en informations comme en atteste le résumé, légèrement modifié, qui permet de rappeler aux spectateurs qu’avant d’incarner Calvin Bouchard, Louis Gossett Jr avait remporté un oscar pour Officier et Gentleman. Ces guides sont désormais très difficiles à trouver sur le marché de l’occasion et atteignent des prix plutôt élevés malgré le peu d’intérêt qu’ils présentent (si ce n’est historique). Remercions donc chaleureusement mon ami Tim Martin, grand fan devant l’ éternel de Jaws 3D et accessoirement collectionneur de guide HBO, de bien avoir voulu partager avec nous ces documents d’ époque. Une initiative qui permet ainsi à bon nombre de nos lecteurs trentenaires d’outre atlantique de revivre les joies de l’ été 1984 et  en particulier de ces quelques jours qui précédèrent la diffusion TV en 2D de ce classique du cinéma d’ effroi… J’en profite pour inviter tout ceux qui possèdent ce genre de merveilles dans un coin de leur appartement à se manifester et à nous en faire profiter…

Le cas du magazine Starlog a déjà été traité dans nos pages à l’occasion d’ un somptueux numéro 74, sorti en kiosque en septembre 1983, qui offrait à ses lecteurs pas moins de 4 pages à la gloire de Jaws 3D. Et bien sachez que l’ histoire d’amour entre ce mensuel consacré à la science-fiction et la production d’ Alan Landsburg fût à l’origine d’un concours paru dans le numéro 73 dont le premier prix est, à ce jour, un des produits les plus recherchés chez les collectionneurs des Dents de la mer 3. Grâce à l’aide de John Z du site Weimar World Service et de son Starlog Project (un formidable outil qui décortique chacun des numéros de l’ illustre magazine), je vous offre l’occasion de remonter dans le temps et de profiter ainsi de toute la magie liée à la promotion de notre film préféré.

Qui pourrait résister à l’envie de participer à un tel concours ? Surtout quand on voit que le premier prix n’est autre que la magnique serviette de bain à l’effigie de notre squale préféré! Oui, je parle bien de cet accessoire 100% coton/éponge qui fait de temps en temps quelques apparitions remarquées sur Ebay et qui continue, malgré tout, à manquer cruellement à ma collection… A cela, Starlog ajoute une affiche du film et un exemplaire du livre Fantastic 3-D signé par David Hutchison. Autant dire que votre serviteur aurait envoyé des tonnes de cartes postales dans l’espoir de décrocher d’ aussi beaux lots! Plutôt coutûmier du faît, Universal ponctua l’ été 83 de nombreux Jaws 3d contest comme celui-ci. Nous y reviendrons très prochainement…

J’ai déjà eu l’occasion de vous dire tout le mal que je pensais du magazine Mad Movies. Et pourtant, paradoxalement,  je continue à l’acheter tous les mois comme si ma vie en dépendait. Certainement un vieux réflexe… A la surprise générale, le numéro de février 2010 accorde pas moins de 6 pages à la saga des Dents de la mer rédigées à la hâte par le très Old School Marc Toullec. Ne collant nullement à l’actualité, on s’ interroge encore sur les raisons ayant poussé la rédaction à offrir une place aussi conséquente à notre requin mécanique préféré. Surtout qu’en plus, on y apprend absolument rien de nouveau! Et comme vous pouvez vous en douter, il n’est nullement question pour tonton Mad de réhabiliter Jaws 3D (ni sa suite soit dit en passant) .

Au milieu de cet océan de banalité, un trésor inestimable: une photographie particulièrement rare de la star du film de Joe Alves. Ce modèle (vierge de toute peinture) est vraisemblablement celui utilisé pour la scène où Kelly Ann Bukowsky est attaquée par le grand blanc (cf trading card #29/44) . Ce genre de cliché nous permet malheureusement de souligner les nombreuses problèmes d’ échelles dans  Jaws 3D quand on aborde le cas de Bruce. Car aussi impressionnant que le monstre sur notre droite puisse être, il y a fort à parier que Philip Fitz Royce soit un peu à l’étroit entre ses mâchoires (contrairement à la confortable bouche construise spécialement pour l’occasion et utilisée pour la scène finale) !

Patrick Jankiewicz est loin d’être un novice dans le domaine de l’écriture; les magazines Starlog, Fangoria, Starburst et Film Review ayant à de nombreuses occasions fait appel à ses services. Grand fan de Jaws devant l’éternel, Patrick a consacré un an de sa vie sur cet objet de plus de 230 pages qui se révèle être un excellent complément aux nombreux ouvrages déjà réalisés dans le domaine car contrairement à ce qu’on a l’habitude de lire, Just when you thought it was safe: A Jaws Companion offre une place non négligeable aux nombreuses suites, rip-offs et projets avortés (dont le Jaws 3 People 0 de Dante). Le tout abondemment illustré par de magnifiques photographies noir et blanc. Malheureusement, le livre est dans l’ensemble assez méchant avec le film de Jeannot Szwarc et particulièrement odieux avec celui de Joe Alves ce qui, à mon sens, est une erreur. De plus, il contient un certain nombre d’erreurs impardonnables comme celle de laisser sous-entendre que Jaws 3D nie les évènements de Jaws 2…

Mais ne jouons pas les fines bouches pour autant. Grâce au travail de Jankiewicz, nous avons là une chance unique de profiter d’interviews riches en informations de nombreuses personnalités liées à la franchise telles Alves, Gottlieb, Matheson, Putch, Mazzocone, Landis et Arbogast (pour ne citer que ceux de la Jaws 3D Crew).  Bien évidemment, les 15 pages à la gloire de notre si cher troisième volet n’apaiseront pas notre soif de connaissance mais c’est déjà énorme si on compare avec la faible place accordé au film de Joseph Sargent. Esperons qu’un jour, l’auteur puisse nous livrer l’intégralité des entretiens qu’il a brillamment mené… En tout cas, je vous invite à vous procurer ce livre (au prix attractif de 19.95$) rapidement avant qu’il ne disparaisse subitement de la circulation.

Pas toujours facile d’alimenter un site comme celui-ci… Et pourtant, ce n’est pas l’envie qui manque. Mais il faut bien se rendre à l’évidence que la majeur partie de ma collection a déjà été traitée ici même et qu’à moins qu’ Ebay soit inondé par de nouveaux produits estampillés Jaws 3D dans les semaines à venir nous devrions nous retrouver dans une impasse bien avant l’été… Mais c’est sans compter sur la générosité de certains habitués des lieux qui régulièrement me font parvenir des documents inestimables… Comme cet ouvrage L’année du Cinéma 1984 (calman-levy) qui contient dans ses nombreuses pages un véritable trésor: une critique positive des Dents de la mer n°3 de Joe Alves!!! Oui, vous ne rêvez pas et je vais me faire une joie de vous le prouver par l image:

Mais comment faire confiance à l’auteur de ces quelques lignes quand on voit sa capacité à nous parler des flots de sang vomit par la maison hantée d’ Amityville 3 alors que ces derniers sont complètement absents du long-métrage de Richard Fleisher? Sa crédibilité est aussi mise à rude épreuve quand il mentionne l’existence d’un très étrange  « attraction cinématographique » qui aurait été imprimé sur les affiches de cinéma US mais dont personne ne semble se souvenir… Mais ne boudons pas pour autant notre plaisir de lire quelque chose de gentil sur notre film préféré et remercions Alex pour ce petit cadeau réservé avant tout aux fans francophones.

Suite à l’article sur le numéro 64 du magazine anglais Starburst , bon nombre de lecteurs francophones ont manifesté leur colère de ne pouvoir profiter des propos de Joe Alves. « Nous exigeons des traductions! » clament-ils à longueurs de mails… Une traduction déjà réalisée 26 ans plus tôt par la talentueuse équipe de l’Ecran Fantastique à l’occasion d’un numéro 35 particulièrement réussi (mention spéciale à la couverture de notre Melki national). A ma connaissance, il est le magazine français ayant accordé le plus de pages aux Dents de la mer en Relief (5 quand même!) . Et même si, la moitié de l’article est composée de photos du film de notre compatriote Jeannot Szwarc, le plaisir reste complet. La revue se paie même le luxe d’un cliché plutôt rare (behind the scene) nous montrant Mike Brody (perché  sur des blocs de béton) et Kathryn Morgan en pleine réparation d’un demi-tunnel…Dommage pour les fans que la Schlokoff Crew n’ait pas récidivé 6 mois plus tard à l’occasion de la sortie en salles…

Fondé en janvier 78, Starburst est un mensuel anglais presque entièrement consacré au fantastique et à la science-fiction. Un magazine de référence qui a malheureusement disparu des kiosques il y a déjà un an et à qui nous rendons donc hommage  avec ce   numéro spécial 3D (sorti en décembre 83) qui comporte pas moins de 4 pages à la gloire du dernier volet en date de la saga Jaws. Rédigé par le journaliste Alan Jones (connu entre autre pour son amitié avec Sid Vicious) , l’article comporte une interview assez complète du réalisateur Joe Alves illustrée par de nombreuses photographies couleurs et N & B particulièrement rares. On notera  surtout les clichés promotionnels montrant Calvin Bouchard entouré par la presse devant l’entrée du Sea World , les skieuses nautiques en pleine représentation ou encore la famille typiquement américaine déambulant tranquillement dans un des tunnels du royaume sous-marin. J’en profite aussi pour souligner la présence d’une minuscule photographie totalement inédite représentant vaguement deux plongeurs malheureusement impossible à identifier. Une énigme… L’interview, quant à elle, permet donc au « créateur » de revenir sur le projet- finalement avorté- de Jaws 3 people 0, de traiter des problèmes inhérents à la production 3D mais surtout de prophétiser l’importance que prendra le procédé dans les années à venir. Le reste du magazine est composé d’un historique du cinéma en relief (avec d’autres photo de Jaws 3D) s’étalant de House of Wax à Metalstorm… Je vous invite donc à dévorer sans attendre cet entretien que les possesseurs du numéro 35 de l’Ecran Fantastique se souviennent parfaitement.